Etat des lieux côté France.
Quid de l’Europe.
L’oiseau rare, on court après !
La France et l’Europe n’ignorent pas l’enjeu stratégique des terres rares, la place qu’elles occupent dans les outils connectés de la nouvelle économie, leurs implications dans la conquête spatiale et la recherche militaire. Français et européens au fait de l’urgence d’une énergie de substitution aux énergies fossiles (gaz, pétrole et charbon), ont du vite-fait refaire l’inventaire de leurs sous-sols pour en connaitre la teneur et ce, bien avant la venue de cette pandémie de la Covid-19 qui a mis en lumière toutes les faiblesses de la mondialisation, montrant les difficultés d’approvisionnement pour certains produits de premières nécessités rebaptisés stratégiques lorsque leurs livraisons, dépendantes d’une source étrangère et lointaine ne sont plus assurées.
La France, vieux pays minier, connait parfaitement son sous-sol (dans l’hexagone) et a bien pensé, voilà quelques années déjà, devoir r’ouvrir des mines sur les conseils de la CGSP (Commissaire Général à la Stratégie et la Prospective) mais les » riverains » et les écologistes veillent… par chance, notre pays dispose du deuxième plus grand territoire maritime au monde, avec 11 millions de kilomètres carrés de fonds marins autour de ses départements d’Outremer (Guyane, Nouvelle Calédonie, dans les iles de Polynésie, Tahaa, Clipperton, Wallis et Futuna…)… et des richesses encore mal connues.
Le Japon, pays miné lui-aussi par de semblables soucis stratégiques et souffrant d’une même dépendance vis à vis de la Chine pour ses approvisionnements en métaux rares, indispensables à ses industries, s’est mis en quête de ces minerais découvrant de fabuleuses réserves de ces terres rares facilement accessibles dans ses propres eaux territoriales au sud de Tokyo.
Quand on cherche, quelquefois on trouve.
La France, dans le sillage du pays du soleil levant, s’est lancée dans la prospection menée par Ifremer sur les fonds marins à Wallis et Futuna à 4000 km du Japon, détectant l’existence de ressources importantes en terres rares.
Quand on cherche, quelquefois on trouve.
Mais s’adonner à l’extraction dans les profondeurs abyssales n’est pas simple. A l’image des plates-formes pétrolières, l’aventure menée à de telles profondeurs serait coûteuse et risquée. Les techniques ne sont pas suffisamment rodées pour opérer ces extractions en mer, d’autre part on sait que pour tirer 1 tonne de terre rare on doit émettre 2000 tonnes de déchets toxiques. Si ça n’effraie pas la Chine sur terre ferme, il en irait tout autrement des populations des départements d’Outremer qui ont aussi leur mot à dire.
Ce pactole gisant par quatre à cinq mille mètres de fond devrait resté en sommeil pour quelques temps encore.
D’autres solutions existent, de court terme et à moyen terme. Les plus simples étant le stockage, stockages des minerais après importations chinoises ou autres, pour palier aux fluctuations des prix et aux risques de pénuries, et le recyclage, recycler des vieux déchets électriques et électroniques déjà sur place et contenant quantité de ces métaux. Un marché important de produits réutilisables qui pèse vingt ans de production mondiale! Pas rien. Une solution mise en pratique par tous les pays sans exception.
Toutefois, la Chine par sa main-mise sur les terres rares (et qui n’a pas froid aux yeux) est toujours maitresse du jeu, prête à fournir panneaux solaires, véhicules hybrides et batteries électriques à des prix imbattables.
Inutile de rivaliser avec elle sur ce terrain, l’Europe doit contourner l’obstacle des terres rares, bataille actée comme perdue, penser le coup d’après en orientant sa recherche vers des projets alternatifs, la chaine de production issue des terres rares s’avérant tout aussi polluante, ne faisant que déplacer le problème des énergies fossiles.
Français et européens se voient contraints d’orienter la recherche vers des technologie nouvelles.
De timides tentatives semblent ouvrir des brèches. L’entreprise anglaise GreenSpur Renewables a développé la première génératrice synchrone à aimants permanents avec de la ferrite (donc sans terre rare) pour équiper les éoliennes.
La voiture Zoé de Renault fonctionne avec une batterie Li-ion sans terre rare…
Ces astucieuses découvertes ne répondent pourtant pas à la question de fond.
La puissance énergétique nécessaire en production électrique n’est pas en mesure de faire tourner un monde vert, équivalent à l’ancien.
Impossible !
Des lumières vont s’éteindre, il y aura moins de morts sur les routes, moins d’avions dans le ciel, moins de produits dans les rayons. Pas forcément un mal.
Mais le déni persiste, visible chaque jour à l’heure de grande écoute des météos nous rappelant les prévisions du GIEC et les promesses non tenues signées lors de la COP21 et des accords de Paris.
Ne nous illusionnons pas techno, notre terre rare est bien là, sous nos pieds, préservons-la.
EPILOGUE.
Lorsque j’étais enfant mon grand-père m’assurait que pour capturer une pie il suffisait de lui mettre du sel sur la queue… crédule, je l’écoutais ouvrant de grands yeux… jusqu’à ce que je comprenne ce que cachait le rire tardif qui suivait son conseil.
Ne sommes-nous pas cet enfant crédule à la boite de sel courant après l’oiseau au plumage blanc et noir qui jacasse ?