« Des corps attaqués »

 Image, figure, métaphore.

 

La lecture de l’oeuvre du poète Jean TORTEL, et plus particulièrement de son journal « Rature des Jours » (Ed.André Dimanche) et « Progressions en vue de » (Ed.Maeght), a suscité cet ensemble de pièces intitulé « Des Corps Attaqués », titre lui-même repris dans son ambiguïté à un autre livre, de poèmes cette fois.

C’est en effet de corps dont il s’agit, mais selon un décor décomposé, restructuré dans un autre espace, celui de la sculpture et de la peinture.

Il ne s’agit pas ici d’une illustration en marge de l’œuvre de Jean Tortel, mais plutôt d’une improvisation sur les thèmes du Regard et du Désir, moteur de toute création (…).

Toute interrogation passionnée est d’ordre érotique. Cependant si je la qualifie de « passionnée », c’est que déjà et par avance, je l’avais située dans l’espace érotique que je crois découvert par la formulation. Pour éviter la tautologie, il n’aurait pas fallu écrire « passionnée »- mais quoi, à la place ? Pressant, tyrannique, nous maintiennent dans l’espace du désir. Où n’est-il pas ?

C’est, en fait, l’espace pascalien en même temps que celui de Lucrèce. Tout en aboutissant à des conclusions opposées (ou en partant de prémisses contraires – et cela revient-il ou non, au même ? Cela signifie-t-il que la pensée se referme sur elle-même en se mordant la queue ? ) – mais bien qu’en pratique, on ne choisisse qu’entre Pascal et Lucrèce, inconciliables ; bien que , le Grand Combat se soit le leur et que l’on ne se décide pas pour l’un ou pour l’autre sans dommage et sans que quelque chose en nous se délabre – bref, bien qu’ils restent, irrémédiablement sans doute ennemis, tous deux parlent du même et dans le même espace. Parce qu’ils sont l’un et l’autre, dans celui du Désir. A l’inverse des « penseurs », leur écriture est une forme du désir. Aussi bien, c’est elle qui brûle. Se brûle à l’image ?

Penser la forme du désir, c’est interroger passionnément une image obsédante : Dieu, l’univers, la femme convoitée, n’importe; chaque « objet de pensée » n’est que la figure ou la métaphore de toute les autres. Si on ne peut interroger que poussé par le désir, la réponse est une levée d’images.

La réponse de l’objet d’interrogation (l’objet convoité) est acceptation, dénudation. Il se laisse arracher ses vêtements, et c’est volupté. D’image en image, de réponse en réponse, l’approche du geste se poursuit indéfiniment. C’est comme si se faisait l’amour. Mais le « comme si » marque aussi le vide, la distance qui se creuse aux abords du réel. Le désir suffoque sur une réponse précise à certaines interrogation.

 

Jean Tortel « Progressions en vue de »

 

 

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