Le jour de la fête de la Naissance du Bouddha, dans la cellule du moine supérieur Shan-yong (deux poèmes).
après le repas une tasse de thé, inutile qu’elle soit profonde
dans le vent clair un lit vaut mille onces d’or
mon ventre rythme mon ronflement, dans la cour les fleurs tombent
je dors à en assouvir mon coeur, de toute ma vie jamais il n’en fut rassasié
le soleil éclaire l’ouest de la galerie, illuminant mon oreiller de sieste
le santal a fini de brûler, une nappe de fumée émeraude
l’hôte de la montagne dort, personne ne vient le déranger
seul vole un moustique, il tournoie en sifflant prés de mes tempes
Su Shi (alias Su Tung po) 1037-1101.
Traduction Cheng Wing fun & Hervé Collet.
Editions Moundarren.
Chez Su Shi (homme politique au service du bien commun), le principe de réalité domine, d’où une certaine distance avec le bouddhisme : confidence épistolaire à son ami Pi Chon-yu.
« Depuis longtemps je lis les écrits bouddhistes, mais comme mon esprit est encombré, j’ai du mal à en pénétrer la vérité profonde. De temps à autre j’utilise leurs enseignements les plus accessibles pour essayer de me purifier. C’est comme pour un fermier qui sarcle : tantôt il enlève les mauvaises herbes, tantôt elles repoussent … je me demande ce que tu as bien pu obtenir des études bouddhistes. Aurais-tu laissé l’arène de la vie et de la mort derrière toi, transcendé les Trois véhicules*, serais-tu devenu un bouddha ? Ou piétines-tu encore dans le monde comme nous autres ? Ceux qui étudient le bouddhisme le font dans l’espoir de parvenir à la quiétude et à la compréhension libératrice. Mais la quiétude ressemble à de la paresse et la compréhension libératrice à de l’autosatisfaction. Avant d’avoir atteint leur but, certains disciples s’installent dans les faux-semblants. Le mal causé par cela est considérable. Comme j’ai toujours des doutes quant à mon accomplissement bouddhiste sur ce point, je te le mentionne pour considération. »
Su Shi.
* Le principe des trois véhicules (selon ChatGPT 4o)
Le “principe des trois véhicules” est en effet un concept bouddhiste majeur. Dans le bouddhisme, les trois véhicules (ou “yāna” en sanskrit) représentent trois chemins ou moyens différents pour atteindre l’éveil (ou l’illumination). Ces trois véhicules sont :
1. Śrāvakayāna (le véhicule des auditeurs) : Ce véhicule est destiné à ceux qui suivent les enseignements du Bouddha en tant qu’auditeurs (śrāvaka) et qui cherchent à atteindre l’arhat, c’est-à-dire l’état de celui qui a détruit toutes les passions et a atteint la libération personnelle du cycle des renaissances (samsāra).
2. Pratyekabuddhayāna (le véhicule des bouddhas-pour-soi) : Ce véhicule est destiné à ceux qui atteignent l’éveil par leurs propres efforts, sans l’aide d’un enseignant. Ces individus sont appelés pratyekabuddhas ou bouddhas solitaires, et ils atteignent l’éveil en méditant sur l’interdépendance des phénomènes.
3. Bodhisattvayāna (le véhicule des bodhisattvas) : Ce véhicule est destiné à ceux qui aspirent à devenir des bouddhas eux-mêmes pour aider tous les êtres sensibles à atteindre l’éveil. Un bodhisattva est un être qui, par compassion, renonce à son propre nirvana pour œuvrer au bien de tous les autres.
Ces trois véhicules sont des méthodes adaptées aux différentes capacités et dispositions des pratiquants. Ils permettent à chacun de progresser sur le chemin de l’éveil selon ses propres besoins et possibilités.
Ce concept trouve ses racines dans les enseignements du Bouddha et a été développé dans diverses écoles du bouddhisme, y compris le bouddhisme mahāyāna, où l’accent est souvent mis sur le bodhisattvayāna comme étant le plus élevé et le plus altruiste des trois véhicules.