Nuagerie – Assomption

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Nuagerie

« Assomption »

 

« Une suite d’images construites en prenant le nuage, les nuées comme vecteur de créativité plastique. Thème baudelairien, impressionniste ou chinois, le nuage toujours changeant jamais le même est un élément essentiel dans le ciel de Bourgogne (et pas seulement) qu’il traverse d’ouest en est chaque jour. »

 

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« Dans les jours qui ont suivi, Luc s’est aperçu que Jean était littéralement vénéré par les chrétiens d’Ephèse. Paul l’avait été lui aussi, pas de la même façon : on pouvait sans s’annoncer lui rendre visite à son atelier, on le trouvait derrière son métier à tisser, d’humeur bonne ou mauvaise, plus souvent mauvaise, mais animé, passionné, toujours partant pour vous parler du Christ. Jean, non. Jean, quand on le voyait, on se prosternait devant lui comme devant un pontife : intimidant, inaccessible, flottant sur un nuage d’encens. On le voyait peu, d’ailleurs. On se montrait, à la dérobée, la maison où le disciple préféré du Seigneur habitait avec la mère du Seigneur, qu’on voyait encore moins, qui ne sortait jamais – fini pour elle aussi, le temps où on la trouvait sur le pas de sa porte. Etait-ce même leur maison, cette maison qu’on montrait ? On n’en était pas sûr, on disait qu’ils en changeaient souvent par crainte d’être arrêtés par les Romains. On ne parlait d’eux qu’en chuchotant. Tout ce qui les concernait était solennel, chargé de mystères. »

Emmanuel Carrère : « Le Royaume »

 

 

Gravure digigraphique disponible en boutique.

Livre NUAGERIE aux EDITIONS RV pour fin 2016

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Peintre - sculpteur - graveur

4 Responses

    • Hervey

      Oui, on pourrait le penser … mais je ne sais pas.
      Les dieux de l’Olympe avaient eux aussi leur demeure au dessus des nuages (position dominante) bien avant la naissance des religions monothéistes. Au XVII éme, on a souvent représenté en peinture le nuage comme « ascenseur » pour évoquer justement la montée au ciel des personnages charismatiques tels que (je cite)  » l’immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge « . J’ai utilisé ici une image de Philippe de Champaigne mais j’aurais pu prendre une peinture de Poussin tout aussi bien ou d’un italien. « Je suis sur un petit nuage » est aussi une expression que j’ai entendu de la bouche d’une joueuse de tennis, très contente d’avoir remporté le tournois de Roland Garros.

  1. marie thérèse Péroz Blaise

    Je ne sais pas s’il faut penser « chrétiennement » ,en regardant cette très belle image .J’aime surtout les couleurs éclatantes ,pures ,et les visages ébaubis des femmes qui regardent le haut du ciel .Qu’importe ce qu’elles voient ,à mon sens ;elles auraient vu un ovni ou une comète ,l’effet eut été le même dans la composition du tableau ,je crois .

    • Hervey

      Très juste. Il y a quelque chose de forcé dans l’inachevé qui fait sens, je crois. Une composition presque simpliste par le vide qu’elle montre, des tons poussés jusqu’à la parodie comme pour témoigner de cette chose irréelle. Puis, cette outrance dans les couleurs et la composition suscite presque un malaise. Il y a comme un vide incompréhensible.
      N’est-ce pas justement cet état de surprise à la vue de ce spectacle qui se manifeste d’abord par nos sens, bien avant que la raison ne puisse se mettre en branle ?

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