Déclinaison : L’eau, cet or du vivant

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Déclinaison : L’eau, cet or du vivant

L’eau est indispensable au vivant, hommes et animaux s’y pressent, le végétal y grandit.
Mon très modeste village de résidence, aux multiples sources, n’est ni l’Alhambra ni Samarcande mais dispose de cette particularité : offrir en abondance cette denrée indispensable à la vie.
Du fait de cette richesse naturelle liée à sa géographie, l’homme y est présent depuis toujours. Pas de trace des romains ici-même mais aux débuts de l’ère chrétienne, Druyes (droggia : eaux vives) devint terre d’évangélisation pour les disciples de Saint Benoit venus d’Italie, construisant église et couvent, confirmé en dur quelques siècles plus tard au XI ème. Parmi les rites de conversion soulignons le baptême premier des sacrements, possible copie d’un paganisme plus ancien voué au sacre de l’eau dans les sociétés primitives, revu et corrigé à la mode chrétienne.

Depuis quelques années « le monde avancé » a décidé subitement de s’approprier ce bien public et l’on a vu se mettre en place toute une série de droits nouveaux pour justifier cette main mise sur l’eau, nouvel « or bleu ». Cette idée a germé dans l’esprit malade des libéraux pour qui tout est marchandise (années Thatcher), où dieu est un tiroir-caisse omnipotent, seul capable d’organiser la marche du monde. Derrière cette idéologie peu charitable se sont pressés des opportunistes reniflant les bonnes affaires car donner une valeur marchande à ce qui est le plus courant et le plus nécessaire à l’homme pour sa survie est une véritable aubaine plus facile à mesurer, stocker et vendre que l’air que l’on respire.
L’Europe libérale a emboîté le pas en suivant le modèle britannique et la Commission Européenne n’a pas ménagé ses efforts pour propager la bonne parole, parvenir à ses fins, imposer aux Etats ou aux villes la privatisation de leur service des eaux, bénir ces marchands et absoudre tout leurs péchés (excellent reportage d’ARTE, accessible en ligne au moment où je rédige cet article).
Par l’odeur alléchés, d’autres clients ont rejoint la cohorte de ces vendeurs d’eau d’un type nouveau (Velasquez au Musée de Wellington) venus des quatre coins de la planète groupés dans des fonds d’investissements, reniflant le bon parti que présentait cette liquidité consommée par huit milliard de gens si utile et indispensable à toute activité humaine, industrie, agriculture, élevage … à la vie.
La plus élémentaire, la plus commune des drogues dures tombait ainsi aux mains de la finance, venant rejoindre la cotation des matières premières au SNACDAQ.
Parmi les pays en pointe dans la marchandisation de l’eau, il faut citer la Californie et l’Australie !

La Californie et l’Australie sont en proie à des feux gigantesques, un véritable enfer détruisant faune et flore pour des décennies.
Coïncidences ?
Oui, deux pays ultra-libéraux ayant d’autre part surpris le monde par des alliances contre nature entre finance et écologie et, de fait, des alliances qui peinent à démontrer leurs efficacités. );-))
Dans les deux cas, le prix de l’eau est devenu inabordable pour une frange importante de leurs populations et s’annonce comme une denrée encore plus rare et chère pour les temps à venir.
On comprend que dans ces conditions son utilisation pour éteindre les incendies puisse poser question et faire hésiter les nouveaux décideurs à puiser dans ces toutes nouvelles « réserves bancaires » pour un si vil usage, quel gaspillage …
En Californie, autre fâcheuse conséquence, la Central Valley immense zone agricole fournissant fruits et légumes est menacée, la spéculation sur les terres agricoles devenant plus attrayante pour ses quotas d’eau ou ses nappes phréatiques que pour sa production. De gros « investisseurs » se précipitent dans le but de faire de l’eau la seule vraie récolte.
En Australie, le prix exorbitant de l’eau a enrichi les investisseurs de stocks (venus des quatre coins de la planète) mais elle appauvrit les éleveurs et autres autochtones situés dans le bush ( à l’intérieur du pays) qui ont du vendre ou se sont trouvés dans l’impossibilités d’entretenir leurs terres, favorisant ainsi les espaces laissés libre aux feux.

De nombreuses villes (Paris, Londres, Berlin) ont fait machine arrière après avoir privatisé leur eau.
Mais les terribles et gigantesques incendies qui dévastent la Californie et l’Australie n’ont pas freiné la privatisation, au contraire. Nul doute qu’au regard des faits la raison amènera à reconsidérer ces changements et réviser cette théorie de la valeur prônée par la finance comme argument de privatisation.
Mise en question aussi au regard des faits, cet étrange mariage ONG/FINANCE au nom du réchauffement climatique.

La DECLINAISON « L’eau, cet or du vivant » fait parti de ce travail « plastique » commencé il y a une douzaine d’années, « le monde vu de ma fenêtre », textes et images, performance au long cours qui se poursuit. Le Tome II sortira début Mars 2020.

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