2017
L’an qui vient : essai d’illustration
Peut-on en dessiner les contours, en prévoir les ressorts, en discerner les écueils ?
A l’image du sphinx, l’avenir est peu bavard, énigmatique, rebelle à l’interprétation, déjouant les supputations les plus réfléchies. Il reste secret, imprévisible. Pour autant, cela ne nous dissuade pas de faire actes de candidature pour deviner, supposer, prévoir. Les prédictions se cherchent donc ou s’inventent à partir de tout et de rien. L’Histoire ne nous rappelle-t-elle pas que les grecs ayant eux aussi quelques intérêts à déchiffrer le futur n’hésitaient pas à se rendre au temple d’Apollon à Delphes pour des consultations tarifées et tendre l’oreille pour deviner ce que racontait la Pythie ?
En ce premier jour de l’an 2017, me voici donc à l’exercice, convoquant pour l’occasion deux éminents florentins, un peintre et un écrivain, deux figures de la renaissance italienne entre Quattro et Cinquecento : Sandro Botticelli et Nicolas Machiavel, espérant ainsi impressionner le sphinx et bluffer le destin dans ce jeu de supputation. Enfin… à vouloir aller à la rencontre du futur autant le faire en bonne compagnie.
Dans la religion catholique et romaine c’est l’ange Gabriel qui vient annoncer la révèlation, messager discret (un ange passe) mais finalement tout se sait un jour.
Voici donc saisie sur le vif cette Annonciation du Cestelllo peinte à tempéra sur panneau par Sandro Botticelli que l’on peut voir aujourd’hui en long et en large 156×150 cm à Florence au Musée des Offices. Prédiction et annonce qui se réaliseront pour Marie et sa cousine (c’est acté).
Mais ici, au premier regard quelques modifications dans les harmonies chromatiques nous préviennent d’emblée : nous ne sommes pas face à l’oeuvre du peintre mais devant un pastiche, d’autant qu’un avion de combat traverse le ciel à très basse altitude, en rase motte, dans un fracas d’enfer ébranlant cette résidence princière dominant un paysage de paix et de sérénité.
Mauvais présage, mauvais augure que cette contre-façon !
Assurément, et si l’on a construit de pareils outils c’est pour s’en servir.
Les budgets que consacrent les Etats pour leurs Défenses respectives se chiffrent chaque année en milliards de $ (600 pour les US qui détiennent la première place).
Le commerce et la vente d’armes sont des marchés que l’on dit lucratifs, toujours dominés par les US. Suivent dans ce palmarès la Russie, la Chine, la France…
Pour voir qui sont les acheteurs, il suffit (presque) de suivre la carte des conflits. Facile (presque) alors de deviner qui alimente tel ou tel Etat. Le jeu des alliances dans un monde bipolaire reste toujours pertinent. L’Inde est en dispute avec le Pakistan?… les américains seront sollicités pour « aider » les indiens, les russes assureront de leur soutien les pakistanais. Eventuellement leurs alliés respectifs suivront.
En cette fin d’année 2016 les déclarations des US et de la Russie sur la nécessité d’un réarmement nucléaire ne sont pas passées inaperçues, pas plus que les annonces chinoises concernant leurs rattrapages technologiques, l’exposé du nouvel avion furtif ou les images de propagandes montrant leurs navires manoeuvrant en mer de Chine.
Doit-on considérer toutes ces données comme le train-train habituel d’un comportement belliqueux inhérent à l’espèce humaine ? Pas sûr.
Le marché de l’armement bat des records et le service après vente suit, expérimente, améliore au coeur même des zones de conflits (Syrie, Yémen). Du seul fait des armes, 500 000 personnes disparaissent chaque année et pas par accident.
Cette activité s’apparente à un baril de poudre qui attendrait patiemment son étincelle.
On s’inquiète d’où pourrait venir cette étincelle ?
Dans sa dédicace du PRINCE (le livre) à Laurent II de Médicis, Machiavel écrit : » Il ne faut pas que l’on m’impute à présomption, moi un homme de basse condition, d’oser donner des règles de conduites à ceux qui gouvernent. » La suite est à lire au format image ci-dessous :
A cinq siècle de distance le choc des mots sonne toujours juste. Il ne résonne que mieux si l’on transpose en une mise à l’échelle pour les temps qui nous occupent.
Mettre en perspective les élites et les gouvernés, souligner les liens de causalité, l’importance des responsabilités de chacune des entités désignées sous ces deux vocables du peuple et du prince dans l’organisation et le fonctionnement de la cité … eh bien nous y sommes : 2017 est là, les princes et les peuples sont convoqués pour un rendez-vous électif !
Nouvelle équipe gouvernementale aux US, élections prochaines en Europe et possibles nouvelles équipes gouvernementales dans plusieurs pays.
Du contexte actuel montent de tenaces et flous désirs de changements.
Les populations sont insatisfaites du sort infligé par un système mondial inégalitaire dit ordo-libéral.
Des mutations ultra-rapides issues des innovations technologiques bousculent les équilibres, détruisent les droits sociaux tout en constituant de nouveaux empires par dessus les Etats.
La crise environnementale vient remettre en question tout le système économique actuel, réclamant de nouveaux modes d’existences.
La compression de ces trois facteurs : le mécontentement, la folle accélération des mutations scientifiques et technologiques et la nécessaire préservation de la planète pose d’insolubles problèmes et constitue un ensemble disruptif détonnant.
Les peuples seront-ils suffisamment éclairés pour bien choisir leurs princes ?
Les princes seront-ils les bien-élus souhaités par les peuples ?
Serons-nous amenés à nous passer les uns des autres et suite à un impossible partage glisserons-nous dans d’indescriptibles désordres ?
Ces questions restent ouvertes mais c’est en cette année 2017 qu’il faut y répondre.
Hervey
A suivre