Andrea Mantegna et Giovanni Bellini.
Deuxième épisode
Né dans un milieu modeste prés de Padoue, Andrea Mantegna entre à 11 ans dans l’atelier de Francesco Squarcione à Padoue, une véritable usine qui verra défiler plus d’une centaine d’élèves auxquels on enseigne ce goût des antiquités grecques et romaines, le dessin, la peinture, la sculpture et l’accès à tout ce bouillonnement culturel nouveau, propre à cette époque qu’Alberti nommera le premier : RENAISSANCE.
Elève surdoué, Andrea obtient sa première commande vers l’âge de 19 ans. Il volera désormais seul, de ses propres ailes, avec une constance et une régularité exceptionnelle.
En 1453 il épouse Nicolosia Bellini, la soeur ou demi-soeur de Giovanni Bellini. Cette union scelle aussi entre les deux artistes une très belle correspondance dans leurs productions qui fut longue et magnifique dans ce grand siècle du Quattrocento. Mantegna vécut jusqu’à 75 ans, Giovanni Bellini s’éteignit à 86 ans.
Cette proximité se lit très clairement dans les très nombreuses productions qui nous sont parvenues de ces deux grands peintres.
Les visuels qui suivent sont très explicites.
Dans sa « Présentation au Temple » Mantegna s’est représenté à droite du tableau. Son épouse Nicolosia est aussi représentée sur la gauche.
Giovanni Bellini s’est représenté lui aussi dans sa « Présentation au Temple » à la droite de son tableau.
Ces représentations valent signatures. En inscrivant sa présence dans le tableau, l’artiste affirme son statut social, valorisant sa fonction*.
Etranges ressemblances pour les autres personnage de la scène.
La facture est différente, sculptural chez Mantegna, fluidité chez Giovanni Bellini. Rien de surprenant là dans leurs démarches respectives, Mantegna est influencé par Donatello et Uccello venus à Padoue, surtout par son apprentissage dans l’atelier de Squarcione grand collectionneur de sculptures grecques et romaines, alors que Giovanni Bellini digère son entourage vénitien.
Tous deux vont produire au cours de leurs vies de nombreuses « Madones à l’enfant » avec cette même curiosité pour ce que fait l’autre.
On retrouve cette même émulation et ces mêmes similitudes dans des commandes plus importantes comme des scènes de la vie du Christ où Mantegna surpasse son beau-frère.
Les deux prochains posts seront consacrés à ce qu’ils ont l’un et l’autre d’unique.
* »Le sujet dans le tableau » de Daniel Arasse