« Le monde, modes d’emploi » de Jacques Attali

Classé dans : Un jour un livre | 1

Jacques Attali
« Le monde, modes d’emploi »

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, l’avenir est imprévisible dit-on.
N’empêche, si se laisser porter par le courant est le lot des poissons morts, alors construire l’avenir et le prédire deviennent des exercices nobles … mais risqués.
Dans son dernier livre « Le monde, modes d’emploi » Jacques Attali laisse dériver ses filets dans les courants de l’Histoire et en tire une lecture séduisante du rôle et du mécanisme d’éclosion des différents « coeurs » du monde (ces grands lieux de pouvoir), leurs implantations géographiques et leurs déplacements dans le temps de Bruges 1250-1348 à la Californie 1973-2008, neuf centres à ce jour, glissant successivement dans le temps et l’espace vers Venise 1348-1453, Anvers 1453-1550, Gênes 1550-1620, Amsterdam 1620-1780, Londres 1780-1882, Boston 1882-1945, New-York 1945-1973 en attente de l’émergence d’un nouveau coeur succédant à la zone Californienne …
Difficile à prévoir où sera le prochain « coeur » du monde.
Mieux encore, en cette année 2023, toute désignation d’un « coeur » reste plus qu’improbable.
Nous sommes devenus trop.
Trop en bonne santé, trop riches, trop consuméristes, trop inégalitaires, trop nombreux pour la capacité de charge de notre planète qui s’épuise, étouffe, brûle, se dégrade sous l’effet de notre propre poids.
Nous avons endetté la planète terre, hypothéqué notre avenir.
Inutile même de désigner le prochain « coeur » … il n’y en aurait pas.
Ni les US, ni la Chine, pas l’Inde, ni l’Europe, ni la Russie … pour des raisons particulières qui leurs sont propres, aucun pays n’est en mesure d’assurer le dixième « coeur » du monde.
Pas d’encrages territoriaux d’une puissance dominante dans un monde devenu « nomade » que ce soit par choix ou par nécessité.
Les arguments et les faits présentés dans le livre de Jacques Attali nous obligent à devoir constater que de « forme en forme », le monde marchand pourtant reconnu comme bénéfique par les progrès constatés, s’est rapidement abîmé, dévoyé.
« Les qualités nécessaires pour devenir et rester un coeur » ne seraient plus là.
Le livre foisonne de pièges, de chausses trapes, de faux semblants à déjouer.
Dans ce rôle tant convoité, la puissance des multinationales seraient en bonnes places pour dicter leurs lois aux Etats et s’inviter à la table pour leur succéder.
Pas impossible.
Sur le tableau de bord de Jacques Attali, tous les secteurs clignotent, matériaux, finance, environnement, politique … rien pour ouvrir une porte sur le futur si ce n’est … si ce n’est en s’appuyant sur une foi lointaine en quelque chose qui tiendrait du miracle plus que de la raison.
On a beau reprendre le livre chapitre par chapitre, le presser comme un citron, seul l’arrêt complet du système couplé à l’émergence de techniques innovantes seraient garant d’un saut bénéfique pour l’humanité.
A chacun alors, d’imaginer les pistes du futur.

Suivre Hervey:

peintre sculpteur graveur

Peintre - sculpteur - graveur

Les commentaires sont fermés.