Du Fu (712 – 770).
Ballade des porteuses de fagots.
Les vierges de Kuizhou aux cheveux à moitié blancs
Demeurent célibataires à quarante ou cinquante ans.
Les guerres et les désordres les ont privées de mari.
Des regrets et des lamentations pendant toute une vie.
Hommes assis, femmes debout, telle est la coutume;
Les hommes gardent la maison, elles partent travailler.
Huit ou neuf femmes sur dix rentrent chargées de fagots;
Elles les vendent pour faire vivre toute la famille.
Jusqu’à la vieillesse, dans leur cou, un double chignon,
Orné de fleurs, feuilles des monts et épingles argentées.
Elles gravissent péniblement les monts pour aller au marché;
Toute leur vie, elles gagnent de l’argent dans les puits de sel.
Leurs larmes se mêlent à leur maquillage et à leurs bijoux;
Légèrement vêtues, elles vivent à l’étroit, au pied des monts.
On dit que les femmes du mont Wu sont grossières et laides,
Pourquoi alors la belle Zhaojun juste au Nord est-elle née ?