Poussin-Caravage
Explication au pied levé
« Caravage est venu au monde pour détruire la peinture » tempêtait Nicolas Poussin.
Je reviens ici sur la formulation très sévère de Nicolas Poussin jugeant la peinture du Caravage, en confrontant 5 détails de 5 tableaux de chacun de ces peintres. La juxtaposition de ces petits détails (à propos desquels on ne prête souvent pas grande attention) est révélatrice de ce fossé séparant les deux peintres.
Confrontation d’images. Déclic, explication.
Le tableau à deux colonnes ci-dessous montre dans la colonne de gauche une série de pieds (infimes détails) tirés de différentes peintures de Michelangelo Mérisi dit Le Caravage.
En face, colonne de droite, cinq autres détails de pieds saisis par copies d’écran dans des peintures de Nicolas Poussin.
En cliquant sur chacune des images du tableau apparaitra la peinture complète lui correspondant (magie du Net).
Que voit-on ?
A gauche (;-)) chez Caravage, c’est un monde de va-nu-pieds qui déambule.
A droite (;-)) chez Nicolas Poussin, le pied est grec, chaussé de sandales aux fines lanières de cuir.
Deux mondes qui ne vont pas d’un même pas, vous en conviendrez, et ça se voit.
Bête comme ses pieds dit-on ! Vraiment ?….
Vous saisissez aussitôt le sens caché (comme un lapsus) de ces images, ce qu’elles portent … métaphoriquement.
Deux « visions » distinctes, deux représentations qui ne se reconnaissent pas comme pouvant appartenir à un même monde.
D’une façon plus générale, ces deux « représentations » glissent sans bruits tels deux courants souterrains, traversant les époques depuis la nuit des temps sous biens d’autres aspects, diffusant des pressions idéologiques, qui laisseront d’autres traces visibles et palpables sur les vies réelles des gens dans toutes les sociétés humaines et dans toutes les cultures.
Ce type de bipolarité complexe faite d’agrégats divers et changeants au gré des circonstances touche et traverse aussi nos sociétés modernes, bien évidemment.
Pour mettre à l’épreuve cette micro découverte, il convient d’élargir la focale, de voir et entendre ce que le monde à retenu de Caravage, de voir s’il a vraiment « détruit la peinture » ou s’il a eu des héritiers…
… Et oui, un fil magique relie bien Caravage à George de la Tour, Rembrandt, Vélasquez, Goya, Jacques-Louis David, Courbet, plus proche de nous, le cinéma le revandique avec les italiens : Giuseppe De Santis, Roberto Rosellini, Michelangelo Antonioni, Luciano Visconti, Pier Paolo Pasolini ou encore Martin Scorsese.
Les photographes ? Trop nombreux pour les citer.
Cher Nicolas Poussin ?
…?
« Veuillez g***** la c****** » (dixit 28mn).
Prochainement, la bande son chez Caravage (enfantillages).