Vers 509 avant J-C, les fils de la louve se débarrassèrent de leurs rois et instituèrent la République. Ils allaient alors peu à peu s’imposer dans l’histoire … Mais les Romains ont avant tout privilégié l’idée d’une politique quasi égalitaire, une piété religieuse exceptionnelle, une idéologie radicale du sacrifice civique, un militantisme fanatique et des mécanismes culturels et juridiques destinés à transformer leurs anciens ennemis en alliés et en citoyens. Et si les romains en sont venus à croire que les Dieux leur avaient promis un imperium sine fine, il n’y avait rien d’inéluctable dans le destin de leur cité, aucun secret géographique ou technologique leur assurant une quelconque supériorité. Une seule fois dans l’histoire, une cité est devenue le siège d’un grand empire.
Kyle Harper
La grande cité de Rome a 365 rues, et dans chaque rue il y a 365 Palais. Chaque Palais a 365 étages et chaque étage contient assez pour nourrir le monde.
Talmud
Introduction au livre avec Arte.
Le 21 avril 248 Rome fêtait son 1000 ème anniversaire et ce rituel des jeux séculaires « que nul n’avait vu et que nul ne devait revoir » devait cette fois là, effectivement, être bel et bien le dernier …
L’Empire Romain qui avait pu s’étendre sur les deux rives de la Méditerranée et imposer mille ans de paix et de prospérité (« le cycle long des jours heureux » selon l’historien Edward Gibbon) « avec pour seule force la musculature des hommes et des animaux, le bois et les broussailles pour seul carburant » allait petit à petit se disloquer, fondre et disparaitre.
Pourquoi de mauvaises récoltes, pourquoi des famines, pourquoi des épidémies létales, pourquoi des guerres, pourquoi des bouleversements climatiques, pourquoi des religions de l’apocalypse … ?
Pourquoi, l’Empire Romain s’est-il effondré ?
Dans un ouvrage d’histoire à la lecture aussi facile qu’un livre d’aventures d’Henry de Monfreid, Kyle Harper professeur d’histoire antique de l’université d’Oklahoma confronte le riche corpus des faits historiques aux dernières découvertes scientifiques en provenance de domaines aussi différents que l’archéologie, l’ADN fossile, l’analyse des carottes glaciaires, des sédiments sur les fonds des océans, des stalactites, les informations plus précises de la dendrochronologie, l’apport de l’épidémiologie et l’ARN, les dernières connaissance de l’ONA (Oscillations Nord Atlantique), les connaissances sur les prévisions météorologiques …
Ce vaste croisement de données superposées comme des calques magiques éclaire les mouvements de l’Histoire, explique transitions et enchainements, rend lisible cette vaste machinerie qualifiée naguère de forces obscures sans pouvoir expliquer les enchainements des causes et des conséquences de l’histoire des hommes.
Les romains en leur temps ne pouvaient imaginer la déesse Fortuna aussi cachotière car le socle même de ce qui fut leur renommée : voies romaines, adductions d’eau potable, latrines, commerce … fut le plus sûr acheminement des pandémies, les villes et la concentration urbaine de redoutables foyers d’infections et de propagations des maladies, diarrhée, grippe, rougeole, varicelle, variole, choléra, peste en un temps où la médecine était rudimentaire, les notions d’hygiène inexistantes avec pour conséquence une espérance de vie de l’ordre de 25 ans.
Un ouvrage d’une grande richesse qui a pour mérite de faire de la nature environnementale un acteur majeur de l’Histoire des hommes.
Nous voilà prévenus !
A lire sans modération !