Trump et Poutine : Fictions

Supputations

Si les US sont vraiment en perte de vitesse, craignant de se faire doubler par la Chine et si la Russie se sent devenir par trop dépendante de la Chine, un renversement stratégique instaurant un rapprochement entre la Russie et les USA avec l’arrivée de Trump est théoriquement envisageable mais pas sans conséquences sur une recomposition complète du monde, type salade russe.
Cette fiction reposant sur un « accord secret » entre deux chefs d’Etat peut-elle voir le jour suite à l’élection de Trump ?
Auquel cas, quels seraient les éléments crédibles pouvant expliquer ce rapprochement autres que les signes de sympathie affichées par les déclarations de Trump à l’égard de Poutine ?
Cette interrogation existe au regard des accusations d’ingérences russes dans l’élection présidentielle américaine de 2016.
Plusieurs enquêtes, y compris celle du procureur spécial Robert Mueller, ont mis en évidence des contacts entre des proches de Trump et des officiels russes, ainsi que des tentatives russes pour influencer les résultats en faveur de Trump.
Bien que Mueller n’ait pas conclu à une collusion, il a documenté des efforts russes soutenus pour influencer l’élection.
Alors … Trump une création de Poutine ?

Quels seraient les intérêts pour Poutine et la Russie ?

Pour la Russie de Poutine, l’alliance avec la Chine reste une relation pragmatique mais teintée de méfiance.
Les intérêts russes en Sibérie et en Asie centrale coïncident parfois avec ceux de la Chine et la crainte d’une domination chinoise, notamment économique, pousserait Moscou à diversifier ses alliances.
De ce fait, un rapprochement avec les États-Unis de Trump pourrait permettre à la Russie de Poutine de conserver une certaine autonomie stratégique vis-à-vis de Pékin.
Pour Poutine, dans le contexte actuel, entendre le chantre du Make America Great Again clamer haut et fort que désormais avec lui, plus un $ n’irait à l’armement ukrainien est une aubaine.
Puis entendre à nouveau Trump affirmer qu’il réglera le conflit Russo-Ukraine en « 24 heures » est une petite musique délicate aux oreilles du chef du Kremlin; une reconnaissance explicite de l’annexion du Donbass et un encouragement à récupérer les anciennes républiques soviétiques (Ukraine, Géorgie, Moldavie …).
Démocrates de tous pays réveillez-vous !
Même Pékin est en droit de s’inquiéter. 🙂

Quels seraient les intérêts pour Trump et l’Amérique ?

L’Amérique a déjà manifesté ses soucis envers la Chine en retirant ses forces du Moyen Orient, laissant du coup la Russie prendre pied en Syrie.
Plus récemment avec Trump, l’Amérique a manifesté son désir de ne plus vouloir payer pour la sécurité militaire des européens.
Ne plus vouloir ou ne plus pouvoir ?
…
En menaçant de taxer les produits européens entrant sur le marché américain, elle livre une réponse à cette question.
Il existe donc bien une incertitude sur son leadership se traduisant par cette attitude punitive de l’Amérique de Trump envers les européens, laissant ses alliés se débrouiller seuls face à la Russie de Poutine, n’hésitant pas à les affaiblir en leur déclarant une guerre économique.
On devrait pouvoir faire mieux entre pays alliés.

Toutefois, l’Amérique reste divisée.
Le premier parti est celui de l’abstention et si les Républicains ont raflés la mise, les Démocrates ne sont pas loin.
Une autre question se pose :
Trump va-t-il passer en force, mettre ses opposants en prison et détruire la démocratie ?

Trump (à l’image de Poutine) va-t-il éliminer ses adversaires politiques ?
Est-ce là le premier acte de son projet ?

Les premières nominations aux postes clés ne laissent aucun doute sur le défaut de compétence des élus bombardés à ces postes qui n’auront pour boussole que de plaire à celui qui les a nommé.
A cette liste s’ajoutent les menaces non voilées prononcées par Trump lors de sa campagne.
« Nous vous promettons que nous extirperons les communistes, les marxistes, les fascistes et les voyous de gauche radicale qui vivent comme de la vermine dans les limites de notre pays » et autres « ennemis de l’intérieur ».
Des relents de maccartisme qui rappelle le bon vieux temps des chasses aux sorcières avec un dénommé Roy Cohn : longtemps conseiller de la famille Trump !
Tout aussi inquiétant ces mots adressés à ses supporters une fois l’élection acquise « vous n’aurez plus à voter » … étonnante promesse du prochain locataire de la Maison Blanche !
Ce mélange de clownerie et de violence semble séduire son électorat mais l’embarque aussi vers des lendemains nauséeux.
Tous les migrants qui remontent du sud pour entrer aux US, qu’ils viennent de l’Amérique Centrale ou de plus loin, sont pour la plupart d’origines amérindiennes. Dire d’eux qu’ils « empoisonnent le sang de notre pays » (dixit Trump) est pour le moins cocasse mais voir le sketch suivre son court sans que ça dérange grand monde est un réel motif d’inquiétude.

Plus on réfléchit pour comprendre, plus on s’inquiète.