Il y avait dans le projet de Fabienne Verdier, de se rendre au pied de la Sainte Victoire pour se mettre dans les pas de Cézanne, une démarche qui relèvait d’un double hommage, à la montagne et au peintre d’Aix.
Si l’on est attentif aux liens cachés qui traversent les cultures et relient les fondamentaux de la peinture chinoise à la démarche itérative du maitre d’Aix, on comprend d’un coup d’un seul les raisons profondes qui ont pu conduire cette artiste reconstruite dans la pensée chinoise, à venir poser son chevalet sur le motif, face à la montagne, comme quelque chose de logique et allant de soi, comme quelque chose qui devait immanquablement advenir, une rencontre programmée en quelque sorte mais qui relève aussi d’un souffle créatif, porté par un libre arbitre volontaire et conscient de lui-même.
Une histoire courte d’une quinzaine de minutes, tel un conte de Boccace, poétiquement filmée, sur une musique de Bizet, Symphonie en C Major WD33 « Jeux d’enfants » restitue fort joliement cette belle ascension.
Fabienne Verdier-Paul Cézanne-La Sainte Victoire-Jackson Pollock-l’Hozho-le Tao.
On doit au très influent peintre américain Jackson Pollock, originaire de l’Etat du Wyoming, d’avoir introduit une pratique picturale nommée Hozho chez les indiens Navajos du Wyoming (dessinant à l’horizontal, à même le sol avec des sables colorés) dans la peinture contemporaine sous le nom de « dripping ».
Dans la culture navajo, l’Hozho est un concept fondamental, souvent traduit par harmonie, équilibre, beauté, ordre ou encore santé.
L’Hozho désigne une manière d’être en phase avec l’univers, un état de connexion profonde avec tout ce qui nous entoure, la nature, la communauté, ou de soi-même.
Cette harmonie, pour les Navajos, n’est pas statique ; elle doit être maintenue activement par des rituels et des comportements respectueux envers le monde naturel et les esprits.
L’Hozho est une discipline impliquant une acceptation de la dualité de la vie, où les forces opposées (jour/nuit, vie/mort) coexistent dans un équilibre dynamique. Les chants, les cérémonies et la création artistique navajo sont souvent orientés vers la préservation ou la restauration de cet équilibre essentiel.
Il faut souligner ici l’importance des similitudes existant entre l’Hozho des Navajos et le Tao de la Chine où l’univers est vu comme un flux des forces complémentaires Yin et Yang formant une dynamique de la vie et de la nature, incarnant une réalité cosmique qui sous-tend toute chose, agissant comme un flux naturel incommensurable et inexprimable mais que l’on peut tenter de traduire et faire exister par l’art, la poésie et la calligraphie, par une recherche de simplicité, de spontanéité et de respect du rythme naturel.
A l’aune de ces anciennes représentations du monde, on suit plus aisément le fil conducteur reliant Paul Cézanne, Jackson Pollock et Fabienne Verdier.
« La nature n’est pas à la surface, elle est en profondeur. Les couleurs y sont l’expression et les racines de la structure des choses. »
Paul Cézanne
« Mon pinceau doit devenir le vecteur de la vie qui nous entoure, comme un canal pour l’énergie. »
Fabienne Verdier
« A mon sens l’artiste moderne exprime son monde intérieur. En d’autres termes il traduit l’énergie, le mouvement et les autres forces qui l’habitent.«
Jackson Pollock« Il n’existe qu’un unique trait de pinceau, par lequel l’artiste recrée l’univers.
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