Elections : jusqu’où cela peut-il aller ?

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Depuis 20 ans la tendance politique des français(es) glisse et penche à chaque élection un peu plus à droite, une dérive qui met très peu de citoyens en joie mais toujours plus d’abstentionnistes qui délaissent les urnes et la participation à un destin commun .
Jusqu’où cela peut-il aller dans un monde en panne d’énergie alors que le temps lui-même se dérègle ?…
Des questions que doivent se poser toutes les démocraties.

La représentation ci-dessus montre l’importance du parti de l’abstention et le rejet des partis politiques, ou tout du moins le désintérêt qu’ils suscitent.
Le dégagisme (« droite gauche c’est pareil ») fit le succès d’un personnage hors sol et son entrée en politique par la grande porte. Le « en même temps » inspiré du « ni droite ni gauche » centriste n’a pu faire souche et convaincre, juste assez pour repousser un temps encore la figure de proue de l’extrême droite.
De ces expériences d’avec « la chose politique », les français ont fait le tour ou presque, ne reste plus beaucoup d’options dans la boite à malices (opération Capitole)… et le glissement sur la droite se poursuit (gite à tribord).

En levant les yeux sur le proche voisinage ou la main en visière sur le front pour scruter l’horizon, l’état de santé des quelques autres démocraties sur la planète n’est pas plus reluisant.
Partout les enjeux sont les mêmes et les mesures à prendre toujours reportées.
Le GIEC s’en émeut, Instinction Rebellion manifeste, les verts allemands « mangent leur chapeau ».
Moralité : Ce qui est trouble est ce qu’il y a de plus net.

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peintre sculpteur graveur

Peintre - sculpteur - graveur

  1. Hervey

    De tout cela un député en parle fort bien :

     » Fouillant les archives à la Bibliothèque nationale de France, j’ai étudié le programme économique du Front national depuis sa fondation, en 1972.
    Comment il fut, d’abord, jusque dans années 80, thatchérien, reaganien, ultra-libéral, pro-européen à fond, regardant Bruxelles comme « un rempart contre le bolchevisme ».
    Comment, après la chute du Mur, le FN a lui aussi basculé, devenant anti Maastricht, anti-libre-échange, s’alignant sur une demande populaire de « protection ».
    Comment, en 2012, Marine Le Pen reprenant la main, elle a opéré un « virage social » : avec un discours offensif, sur « l’Etat devenu l’instrument du renoncement, devant l’argent, face à la volonté toujours plus insistante des marchés financiers, des milliardaires qui détricotent notre industrie et jettent des millions d’hommes et de femmes de notre pays dans le chômage, la précarité et la misère. Oui, il faut en finir avec le règne de l’argent-roi ! », avec des mesures « de gauche » : « Tous les salaires jusqu’à 1500 € bénéficieront d’une augmentation de 200 € nets », « Baisse de 20% de la TIPP », « Les petits commerces seront défendus contre la grande distribution », « Un taux d’Impôt sur les sociétés relevé à 34% pour les grosses entreprises », « élargir l’assiette des retraites aux revenus du capital. » Et enfin, comment, discrètement, en 2017, toutes ces mesures, toutes, furent effacées.
    Sa campagne, cette année, s’est inscrite dans cette lignée. Elle s’est ouverte par un entretien donné à L’Opinion, le plus libéral des quotidiens, la voix du néo-patronat, co-financé par Bernard Arnault. Et c’est bien cette élite, de la finance, qu’en quelques paragraphes Marine Le Pen vient rassurer : « Ayons des idées claires et du bon sens sur la dette… Oui, une dette doit être remboursée. Il y a là un aspect moral essentiel…. »
    Et de conclure, en bonne mère de famille : « Qui paie ses dettes s’enrichit », revendiquant du « pragmatisme » à l’égard des fonds internationaux, et même de la Banque centrale européenne. Ce que la candidate vient dire ici, aux dirigeants du capital, et elle choisit son lieu, c’est : « Ne vous inquiétez pas, il n’y aura pas d’aventure. »
    Ce que son « Projet présidentiel » confirme, de la première à la dernière ligne : pas un mot sur les multinationales, sur les paradis fiscaux, sur la finance MacKinsey, sur les actionnaires – dont les dividendes n’ont jamais, jamais été aussi élevés.
    Non, elle veut créer un « ministère dédié à la lutte contre la fraude », mais c’est la fraude sociale ! Ceux qui « volent la France », d’après elle, ce sont les assistés et, bien sûr, les émigrés… pas les firmes qui se sont goinfrées durant la crise sanitaire, pas les hecto-milliardaires qui échappent à l’impôt. Rien, rien, rien, sur les inégalités. Ni redistribution, ni partage. Ces mots n’y figurent pas. Pas plus que dans le programme d’Emmanuel Macron.
    C’est là l’essentiel, l’essentiel pour les dominants du système : nous n’aurons pas à partager. Pas à encadrer les profits. Pas à réguler le capital.

    A peine élus, à peine entrés à l’Assemblée, que les députés RN ont apporté des gages de « sérieux ». La veille, le dimanche, dans toutes les circonscriptions, sur tous les tracts, ils étaient « la seule opposition à Macron », et elle serait, se disait-on, ferme, énergique, de tous les instants, par tous les moyens.

    Le lendemain, lundi la cheffe l’assurait : « Nous incarnerons une opposition ferme, c’est-à-dire sans connivence, mais une opposition responsable c’est-à-dire respectueuse des institutions et toujours constructive. » « Constructive », c’était l’adjectif du jour, plutôt que « combative » : « Nous ne sommes pas dogmatiques, nous sommes une opposition constructive », renchérissait Laure Lavalette, et Sébastien Chenu, etc. Ce mercredi, à la sortie de Matignon, Marine Le Pen se refusait à entraver le tandem Borne-Macron : « Nous n’usons pas des mentions de censure avec légèreté. » Le signe, sans doute, d’une opposition toujours plus « constructive »…

    Gardons-nous du « crétinisme parlementaire » (comme causait Marx), de prendre la vie de l’Assemblée pour celle de la société, de rétrécir notre champ de vision à des péripéties d’hémicycle. Néanmoins.
    Dans cette même semaine, ce mardi, pour la présidence de l’Assemblée nationale, le RN retirait sa candidature au second tour, laissant le champ libre à Yael Braun-Pivet, la macroniste.
    Et le lendemain, retour d’ascenseur, pour la vice-présidence : LREM apportait ses voix aux deux candidats RN, Sébastien Chenu et Hélène Laporte, élus avec 280 voix.
    C’est l’avenir, cette complicité.

    C’est par là que sera débloquée, je le crains, une France divisée en trois blocs, en trois projets : « autoritaire », « libéral », « social-écolo ».
    Les deux premiers sont en voie de fusionner. Tous les tenants du système, qui en tire profit, des profits gigantesques, des patrons de grands médias aux dirigeants des fonds d’investissements, aux cumulards des conseils d’administration, aux banquiers d’affaires, aux éditorialistes comme il faut, mille bouches, dans mille cercles, vont, chacun à leur façon, dans les mois, les années à venir, vont œuvrer à ce rapprochement, à en faire la voie de la raison, le chemin rationnel – c’est-à-dire celui de leur porte-monnaie, de leurs intérêts : « Que tout change pour que rien ne change. »

    Que faire, alors, nous, dans cette histoire ? C’est du judo : Marine Le Pen se « notabilise », pour se rapprocher du pouvoir ? C’est un risque, évident. Mais c’est aussi une chance pour nous : la voilà qui appartient à l’ « establishment » que dénonçait son père. La voilà toute fière, on le sent, d’être reconnue parmi les gens sérieux, d’avoir son rond de serviette chez les bourgeois. Parviendront-ils, elle et ses collègues, en même temps, à incarner une colère populaire contre ce même « establishment » ?
    A nous de montrer, re-montrer, démontrer, que le Rassemblement national n’est pas « le vote anti-système », mais la roue de secours du système. Que les intérêts qu’ils défendent, au fond, sont ceux de « la France d’en haut », de l’oligarchie, de la Caste, qu’on appelle ça comme on voudra, et qu’ils nouent des alliances avec eux. A nous de nous bagarrer, partout, pour s’imposer d’évidence comme le vrai recours contre Macron et son monde. Pour ramener les fâchés, les résignés, les découragés, les énervés, les éloignés, pour en faire un bloc majoritaire. A nous de trouver le chemin des cœurs, et vite. »

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