2020 DECLINAISON : « Confiné(e) avec René Magritte »
Nous venons de passer deux mois entiers à tourner en rond entre la salle de bain, la cuisine, le salon et la chambre, une déclinaison de l’espace journalier à laquelle nous avons du nous plier, bon gré, mal gré.
Les DECLINAISONS ayant pour vocation de « regarder le monde » se devaient d’évoquer cette assignation à résidence, ici avec René Magritte … en compagnie de Blaise Pascal.
C’est chose faite.
Quand je m’y suis mis quelquefois à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent, dans la cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, j’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre. Un homme qui a assez de bien pour vivre, s’il savait demeurer chez soi avec plaisir, n’en sortirait pas pour aller sur la mer ou au siège d’une place. On n’achètera une charge à l’armée si cher, que parce qu’on trouverait insupportable de ne bouger de la ville; et on ne recherche les conversations et les divertissements des jeux que parce qu’on ne peut demeurer chez soi avec plaisir. Mais quand j’ai pensé de plus près, et qu’après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs, j’ai voulu en découvrir la raison, j’ai trouvé qu’il y en a une bien effective, qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable, que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de près.
Blaise Pascal