Un jour un film : La Villa de Guédiguian

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Un jour un film : « La villa » de Guédiguian.

 

Un décor, un huit clos, l’histoire d’une famille filmée en flash back (réel ou suggéré) pour parler de sociétés, de destins.

« Ne jetez pas au panier vos valeurs de toujours, elles sont encore bonnes ! »

 

 

La villa de Guédiguian

 

Le thème était bien choisi, et bienvenu pour répondre aux questions qui désolent tout ces moins jeunes qui cherchent à comprendre et combler le fossé qui les sépare des nouvelles générations. Fossé qui se referme hélas trop souvent par le clap de fin : « c’était mieux avant ».

A la sortie de la séance, j’avoue comme une petite déception quant au film lui-même (mais dissipé après réflexions).

Chez Guédiguian les images, les cadrages, la façon de filmer ignorent délibérément l’utilisation esthétisante du 7éme art comme si le ciné était devenu un produit bas de game pour écran-télé. Même les lieux de tournage en milieu naturel à l’Estaque, à l’Ouest de Marseille, ont l’aspect d’un décors en carton pâte comme si le conteur et les personnages n’étaient plus en mesure d’apprécier la nature environnante ne lui accordant qu’une maigre utilité, quelques tristes rougets bien esseulés ou qu’un seul soucis : la crainte des incendies ou encore la colline comme un espace de mise en forme réservé au footing.
Pessimisme, désillusion ou refus d’une écologie à bon marché et d’un eugénisme d’exportation ?…
D’un film l’autre, c’est une constante chez Guédiguian de faire du marseillais qu’il décrit un individu qui a refoulé la notion du beau comme si cette valeur était entachée d’une pensée anti-révolutionnaire et bourgeoise. Je dis comme si, mais il semble que ce soit le but recherché, la conséquence logique d’une posture défensive suivie d’une fin de non recevoir. A chacun sa beauté ! A chacun sa morale !
Guédiguian n’est pas Visconti, mais ça on s’en doutait.

Ayant vu « La villa » dans une salle improvisée (ciné ambulant de campagne), la bande son était criarde dans les graves comme dans les aigus et, quelques fois rendue inaudible par la mauvaise diction des comédiens. Il est gênant de glorifier le théâtre au cinéma en bredouillant ses répliques. J’ai en tête le souvenir de différentes bandes sons des films de Marcel Pagnol… je ne dirais pas… « c’était mieux avant » mais j’aurais aimé que ce fusse aussi bien.

 

 

 

 

 

On ne fera pas le reproche au réalisateur de nous servir un condensé d’histoires atypiques fait d’imprévus et d’invraisemblances ; à dire vrai, la réalité est toujours plus surprenante que la fiction et les personnages du film s’en accommodent avec sagesse et humanité.
Plus qu’une gentille fable, le film nous montre une famille qui malgré tout fait face aux difficultés et résiste avec ses valeurs acquises dans une culture ouvrière disparue mais pas obsolète. C’est bien là le message du film et sa petite musique un tantinet à l’eau de rose, mais qui résiste aux sirènes de la « modernité ».
La scène de l’écho final sous le viaduc peint par Cézanne ou les premiers cubistes fonctionne à plein.  Et cet écho vient jusqu’à nos oreilles comme un vertueux message :

« Ne jetez pas au panier vos valeurs de toujours, elles sont encore bonnes ! »

De juste, si Guédiguian passait par ici en Bourgogne, c’est sûr nous l’inviterions à entrer pour le café.

 

Braque Viaduc à l'Estaque
Georges Braque – Viaduc à l’Estaque (et les usines au fond).

 

 

 

 

 

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