Additif au voyage …

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Tout comme j’ai eu plaisir à me mettre dans les pas de Dante et Virgile pour les suivre dans l’exploration des 33 chants de l’Enfer, j’ai bien aimé suivre la chevauchée de Stanlay Stewart à travers la Mongolie, plus largement d’Istanbul à Dadal dans son livre L’Empire du vent.

Dans les années 1975 j’avais envisagé de me joindre à trois ou quatre autres cavaliers pour traverser (véritablement) l’Afghanistan mais à cette époque, pour des raisons d’assurance et de sécurité, les services du Quai d’Orsay avaient refusé les visas et documents nécessaires pour entreprendre cette aventure.
Ce projet, très influencé par les écrits de l’écrivain Joseph Kessel et son livre « Les cavaliers »publié en 1967, suivi du film « Horsemen » en 1971 de John Frankenheimeren avec Jack Palance et Omar Sharif, n’a donc jamais vu le jour … et, il semble clair pour moi aujourd’hui, que cette lecture de L’Empire du vent, se soit présentée comme une occasion ultime à saisir pour effacer un regret et tenter de réparer un acte manqué.

Toutefois, vouloir comparer ces deux voyages c’est marquer leurs différences et repousser très loin l’idée d’une quelconque similitude.
Le voyage en Enfer de Dante est imaginaire, car personne n’a en réalité jamais exploré ces contrées. Le voyage en Enfer (première parti d’une trilogie) est une oeuvre poétique, réaliste et comique décrivant le sort réservé aux nombreux damnés de la terre.
Vivant, à l’époque, au dessus du Val d’Enfer, j’avais à disposition, sur place, un aspect visuel de la matière de cet univers minéral pour illustrer librement l’itinéraire emprunté par nos deux guides dans les entrailles du monstre. Ne manquaient que les personnages mais l’auteur ayant quelques comptes à régler avec ses contemporains, s’était évertué à les décrire et les présenter nommément sans qu’il soit utile d’y sursoir; l’intérêt se cantonnant à calquer notre actualité sur cet ancien monde pour en souligner la valeur pérenne.

Le voyage en Mongolie de Stanley Stewart s’inscrit dans une réalité bien réelle, bien mesurable, au jour le jour, aussi vraie dans ses déplacements (train, cheval, bateau, bus, avion) que dans ses rencontres (au hasard Balthazar). C’est le récit d’un globe trotter faisant du voyage une aventure et un art de vivre.
Je l’ai suivi pas à pas, tout en reconstituant ses itinéraires grâce aux outils de Google Earth et ses vues du ciel, l’agrementant de photos générées par DALL.E d’OpenAi.

On n’avance jamais seul.
Il y a toujours une voix, un texte, un souffle qui nous précède, et vous entraine.
Quelques fois le lecteur franchit le pas et s’invite au voyage, expérimentant et testant de nouveaux procédés : une aventure dans les pas d’un autre.

Toutefois ces images générées par des prompts posent questions : sont-elles fiables, quelle valeur ont-elles, à qui appartiennent-elles, que vont-elles devenir …?
Des mots contre des images ?

Derrière l’émerveillement des images se profilent des interrogations sur la propriété intellectuelle, sur la mémoire, la transmission, la valeur de ce que nous appelons “créer”.
Nous vivons une époque où la frontière entre l’auteur, le lecteur, la machine et le droit devient poreuse.
Faut-il s’en inquiéter ? S’en réjouir ?
Autant de questions …
A nouveau labyrinthe, nouveau chapitre.

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