Le monde selon Sénèque

(Gravure numérique tirée à 4 exemplaires sur papier tecco FineArt Rag 295 g/m2)

Le monde ou la vie selon Sénèque.

« La table , le sommeil, le désir, voilà le monde dans lequel on tourne ».

Simple et beau l’aphorisme. Même pas désabusé.
La chose est dite sans sévérité mais sans ménagement, un alignement de mots simples.
Mes ami(e)s, c’est là le circuit, il faudra faire avec ! Soyez sans illusions !
Les termes sont crus, presque fades, sans sel, ni basilic, ni huile d’olive comme on le souhaiterait pour une salade de tomates mais le tout ne manque pas de saveur.
Sec comme une amande mais faites-en votre miel.
Lorsqu’on connait la vie et surtout la fin de vie de Sénèque on comprend que ce ne sont pas de simples paroles écrites pour un en-tête de chapitre.
Aujourd’hui en 2015, ne faudrait-il pas lire ou relire Sénèque ?
…
Voilà un homme qui fut banquier et un banquier excessivement riche, les esclaves n’étaient pas salariés et c’était à vrai dire un peu le pétrole bon marché que l’on venait extraire des provinces conquises, mais pour autant rien à voir avec nos grands dirigeants de banques, lui, plaçait la vertu tout en haut, comme valeur suprême de l’existence humaine.
Ce serait quoi la vertu selon Sénèque ?
C’est ce trait de conscience aiguisé (tel ce regard du buste ci-joint) qui scrute chaque instant de son vécu et interroge :
Qu’as-tu fait aujourd’hui qui vaille ?
Rien n’est au dessus de cette conscience sans concessions, le reste ne serait que broutilles.
Ce ne sont pas les chiffres qui comptent, pas les encaissements, pas la production journalière, nullement. Les affects, les bons sentiments, pas plus. Non, c’est ce regard sur cet état de NATURE, sur cette condamnation à résidence entre ces deux points que sont la naissance et la mort mais pour faire quoi ?
Ah ! Là est le minuscule point lumineux, ce chat (du miroir) toujours en mouvement, cette chose jamais acquise, cet équilibre qui tient l’homme debout et maitre de son destin que les stoïciens nomment vertu et fait l’exemplarité du héros, un héros sans guerre, seulement confronté à son existence comme tant d’autres, ses semblables.
Sénèque vertueux ? Sénèque confesse ne pas y être parvenu…

Pour l’illustration donc :
La table bien sûr, on doit boire et manger pour vivre.
Le sommeil qui nous est encore plus indispensable.
Le désir nous amène à nous reproduire mais plus encore il est cet aiguillon, cette monture sauvage qui nous pousse incessament toujours plus loin et qu’il convient de maitriser. Un art du dressage sans finalité connue, surtout pas un exercice qui puisse se donner en spectacle.
L’illustration ou traduction en images de cet aphorisme de Sénèque s’est faite pas à pas dans cette DECLINAISON, n’en disant pas plus si ce n’est ce qu’il dit mais avec un certain sourire.

Je ne pensais pas avoir trop bifurqué, bien qu’en regardant ce buste supposé de Sénèque, on devine un homme habité par de constantes questions, loin, très loin de ce nuage de légèreté sur lequel voyage l’humour.
Même si les stoïciens ont des couleurs et des approches différentes, la musique sur laquelle est fredonné cet aphorisme parait un peu décalée…
L’avantage avec les grands textes même si celui-ci ne tient que sur une ligne, c’est qu’ils fonctionnent, extraits de leur contexte. Et ici, malgré ce ton un peu badin de chez baladin, on comprend.
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