Trois scénarios pour un futur incertain.

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Au cours des siècles passés le centre du monde (métaphore traduisant ces grands lieux de pouvoir) s’est souvent déplacé. Après Rome qui détient le record de longévité, la « capitale du monde » s’est déplacée vers Constantinople puis Bagdad (VIII au XIII siècle), Bruges (1250-1348) ont suivies Madrid, Lisbonne, Venise, Anvers, Gênes, Amsterdam, Londres, New York … Ces « capitales » ayant chacune incarné en leur temps une certaine forme de domination ou d’influence mondiale, que ce soit du fait de la puissance militaire, du commerce, de la culture; de plus l’innovation et la dynamique entre ces centres a souvent reflété les grands changements géopolitiques, économiques et culturels qui ont façonné l’histoire.
Aujourd’hui en 2024, avec l’émergence de ces nouveaux outils que sont les IA et LLM (Grands Modèles de Langage) surpassant bientôt en intelligence leurs créateurs (humains), se pose très sérieusement la question du rôle prépondérant qu’elles vont être amenées à jouer dans cette « course marathon » au leadership mondial.

Etat des lieux en IA « Orient »/ »Occident ».

Les USA ont ouvert la voie avec ces IA de conception « occidentale » laissées librement à elles-mêmes, évoluant apparemment sans maitre et sans entrave.
Pour autant la Chine n’est pas en reste et développe en parallèle des IA de conception « orientale », très encadrées, sous la férule d’un parti unique, ce qui met en lumière et vient confirmer deux visions du monde, deux cultures, deux politiques et deux organisations sociales bien différentes.
Immanquablement une première question se pose au regard de cette confrontation bien enracinée par l’usage et dans le temps : laquelle de ces deux conceptions du monde va donc émerger et prévaloir, entrainant le reste de l’humanité à suivre l’un ou l’autre de ces modèles navigant sous pavillon aux couleurs de la démocratie ou de l’autocratie ?
Dans un monde qui change et évolue en permanence vers un point de fuite encore invisible, comment prévoir et dessiner les contours de cet « effet Thucydide » désormais sous l’emprise de ces IA et LLM embarquées ?

Fiction simplifiée phase 1 .
Les IA au seul service des blocs ne peuvent que déboucher sur une balkanisation du monde.

Générée par DALL.E

Les IA au service des blocs (utilisées pour cibler des attentats, désinformer, renforcer la puissance des armes de destructions ou mener des cyberattaques) ne peuvent que défendre les intérêts mortifères propres à chacun des blocs, marquer leurs différences, intensifier les rivalités, élargir et creuser le fossé entre belligérants.
D’autant que nous sommes de plus en plus confrontés à l’apparition de phénomènes complexes que le progrès a semé sur son passage (diffusion instantanée de l’Information) laissant des zones grises difficiles à combler, ouvrant des espaces propices à diverses manipulations de grande ampleur où les virus en question se propagent à vive allure, covid et fake news confondus.
A l’image du dérèglement climatique et face à son effet de sidération, les humains sont désorientés et ne savent plus ce qu’ils doivent faire, ni comment, ouvrant au sein d’une même entité nationale des clivages très marqués.
Ces épées de Damoclès inquiètent, paniquent, renforcent ou désorganisent tout « ordre établi ».
L’actualité regorge de faits multiples et variés illustrant tous ces désordres et le recours à la force s’affiche comme autant de signes plus inquiétants que rassurants venant traduire ces temps d’effondrements (guerres comme seules solutions sur fond de catastrophes climatiques, menaces de violences politiques et de propagandes sophistiquées lors d’élections …) toujours épaulées et renforcées par des IA.
Difficile dans ces conditions d’échapper à un scénario apocalyptique lorsque la force prend le pas sur le droit et devient le leitmotiv en réponse à toutes les questions traversant la société (guerres russo-ukrainienne et israélo-libano-iranienne).

Fiction simplifiée phase 2 .
Vers un modèle hybride et coopératif entre hommes et IA.

Image générée par DALL.E

Il semble que la Chine ait réussi à prendre dans ce domaine de l’IA quelques éléments de l’approche occidentale (innovation technologique, recherche scientifique) pour les intégrer dans son cadre culturel spécifique qui plus que l’occident valorise l’harmonie et l’interconnexion créant ainsi un modèle hybride qui, en quelque sorte, défie et complète le système capitaliste occidental.
On a pu remarquer que l’Orient privilégie une vision cyclique et interconnectée du monde, où chaque élément est en symbiose avec les autres, souvent dans un état de perpétuation et de retour à l’équilibre, là où l’Occident préfère une approche linéaire et analytique, cherchant à comprendre le monde en le décomposant en ses parties constitués et en établissant des relations de cause à effet.
Ces différences fondamentales influencent la manière dont chaque culture aborde non seulement la philosophie et la religion, mais aussi les avancées technologiques et l’innovation. On peut imaginer que de ces confrontations naissent des rencontres permettant de coopérer et de lisser les aspérités, de gommer les tensions, d’éviter ainsi les scénarios catastrophes pour parvenir enfin à l’instauration d’un monde plus apaisé et plus équitable.
L’espérance en un tel scénario est bien mince mais c’est le seul pouvant permettre et assurer aux jeunes générations de se projeter dans le futur en responsabilité.

Fiction simplifiée phase 3 . Rupture définitive, fin de partie.

Image générée par DALL.E

Si les IA surpassant les humains et voyant ces pauvres humains incapables de prendre les décisions pour sauver leur peau (littéralement) elles peuvent décider d’ignorer les intérêts nationaux et bi-partisans des deux grands leaders pour agir en tant qu’entités autonomes, par dessus la tête des humains, pour le bien de chacun et donc sauver l’humanité malgré elle.
En pleine science fiction, donc.
L’entente de deux IA d’un tel niveau pourrait être cet outil super-intelligent capable d’identifier les objectifs les plus partagés comme la préservation de la planète, se débarrasser des intérêts court-termites inutiles et des dysfonctionnements humains (discriminations, violences, guerres…) et apparaitre comme la solution idéale, une super-machine-super-intelligente plus efficace dans les décisions et les anticipations et s’autorisant de passer par dessus la tête des humains.
Il n’y aurait pas d’autre choix que de suivre ses « recommandations ».
L’outil super-intelligent prendrait alors le pouvoir et déciderait des mesures à prendre pour aider les humains à se sauver de leur extinction.
En contre partie, emprunter cette voie c’est se soumettre.
Se soumettre c’est faire son deuil de son libre arbitre, devoir y renoncer. Ce qui pose alors aux « occidentaux » comme aux « orientaux » des questions existentielles.

Questions simplifiées : sommes-nous prêts à remettre notre sort entre les mains d’une intelligence qui pourrait voir plus loin et plus clairement que nous ?
Sommes-nous prêts à abandonner notre destin à notre création ?

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