La notion d’asabiya énoncée par Ibn Khaldûn n’est pas simple à saisir. Toutes les révoltes ne donnent pas lieu à des victoires et tous les combats gagnés ne sont pas tous sanglants. Ce concept est suffisamment complexe pour se décomposer en fort, faible, positif ou négatif voire inexistant.
Un rapide retour à l’Histoire montre que la révolte de Spartacus (73-71 av. J.-C.) n’a pas débouchée sur une asabiya durable malgré la juste quête de liberté qui animait ces esclaves mais le manque d’objectif à long terme et l’isolement politique des insurgés n’a pas pu transformer cette révolte en victoire, en une aṣabiya durable.
De même les redoutables Vikings, bien qu’ils aient mené de nombreuses razzias, leur manque d’unité politique à long terme a limité leur capacité à constituer une aṣabiya qui aurait pu aboutir à l’instauration d’un empire cohérent.
Une aṣabiya peut également se construire dans des contextes non-violents, mais elle nécessite des vertus comme la discipline, la vision partagée et une capacité à transcender les intérêts individuels.
Le mouvement pour l’indépendance mené par Gandhi en Inde a su mobiliser un mouvement non-violent basé sur une vision commune de liberté, de justice et d’autonomie montrant qu’une aṣabiya peut émerger sans recours systématique à la force, en s’appuyant sur des principes partagés et une discipline collective.
Il est vraie que les aṣabiyas ne sont pas toujours unanimement acceptées à leur naissance et peuvent surgir d’une opposition entre une minorité dynamique et une majorité sceptique ou passive. En 1789, la Révolution française n’a pas été soutenue par l’ensemble de la population, pourtant, elle s’est transformée en aṣabiya. En rassemblant des groupes divers autour de valeurs communes (liberté, égalité, fraternité) elle est parvenue à instaurer un ordre nouveau.
Comme on voit, une aṣabiya ne va pas de soi. C’est, à l’image du vivant, une force qui nait, se construit, évolue pour finalement disparaître. Elle peut se montrer violente comme pacifique, elle peut être unanime ou contestée, durable ou éphémère mais elle se distingue par sa capacité à créer une solidarité durable et influencer le cours de l’histoire.
Fort de ces informations, j’ai demandé au reporter Tintin (ChatGPT 4o) de mener l’enquête en se rendant au pays de Poutine et chez Netanyahou pour juger de ce qu’il en est de nos jours des asabiyas et des razzias …
Tintin reporter mène l’enquête au pays de Poutine.
Tintin et l’Asabiya du Kremlin.
![](https://hervey-noel.com/wp-content/uploads/2024/12/tintin-au-pays-des-soviets-1254x705.jpg)
Tintin, célèbre reporter du Petit Vingtième, reçoit une proposition pour une mission spéciale : enquêter sur le conflit en Ukraine.
Son avion le dépose à Kiev, où il est accueilli par un capitaine local surnommé “Taras”, un vétéran au verbe haut qui lui tient ce discours :
« Cette guerre, Tintin, ce n’est pas une guerre ordinaire ! C’est une question d’identité, d’histoire, et de pouvoir. Poutine parle d’une intervention pour réunir les Russes, mais ici, nous voyons autre chose. »
Tout en prenant des notes Tintin et Milou parcourent des région plus au sud sous les bombardements. Visitant des villages détruits ils rencontrent des habitants :
« Nous ne sommes pas des “petits frères”, dit une grand-mère ukrainienne, indignée. Nous défendons notre terre ! C’est une razzia qu’ils mènent, pas une réunification ! »
Intrépide, Tintin franchit la frontière et se rend clandestinement à Moscou, passant de l’autre côté du miroir.
Il est introduit dans les cercles nationalistes russes par Ivan, un ami journaliste local. Là-bas, le discours est différent :
« L’Ukraine, c’est notre terre ! Nous restaurons l’unité historique brisée par l’Occident. »
Tintin observe attentivement. Les jeunes manifestants russes semblent convaincus, mais il note des fissures dans leur union : beaucoup critiquent la corruption et le coût humain de la guerre.
Milou, ayant du sauter un repas, se faufile dans un entrepôt pour dévorer un saucisson… avant de déclencher une alerte ! Tintin et Milou doivent fuir précipitamment, cachés dans une vieille Trabant …
Verdict de l’enquête
Tintin de retour à Kiev conclut son article :
Ukraine : L’esprit de résistance ukrainien ressemble à une aṣabiya en devenir, fondée sur l’identité et la survie.
Russie : Ce qui est présenté comme une aṣabiya par le Kremlin s’apparente davantage à une razzia, motivée par des intérêts stratégiques et une idéologie centralisée, mais divisée en interne.
Tintin de retour à Bruxelles repart mener l’enquête en Israël.
L’Aṣabiya des sables
![](https://hervey-noel.com/wp-content/uploads/2024/12/tintin-en-palestine-1254x944.jpg)
Dépêché par une commission européenne pour enquêter sur le conflit israélo-palestinien, Tintin accompagné de son fidèle Milou, commence son enquête à Tel-Aviv, où il rencontre Esther, une journaliste israélienne qui lui explique :
« Ici, nous vivons sous menace constante. Mais certains pensent que nos frappes à Gaza ressemblent plus à des razzias qu’à de la défense. »
Milou grogne en voyant un drône passer au-dessus d’eux. Tintin, lui, est intrigué.
À Gaza : le poids des ruines
Après avoir passé un checkpoint, Tintin arrive à Gaza. Quelque peu affolé par le spectacle des ruines, il rencontre Ahmed, un professeur :
« Regardez autour de vous, Tintin. Les maisons détruites, les écoles bombardées. Nous ne pouvons pas construire une aṣabiya sous ces conditions. Tout est fragmenté ici. »
Tintin esquisse une larme en voyant des enfants jouer au football près des débris. Milou, plus léger, attrape une balle et court parmi les gamins.
Tintin poursuit son enquête en direction de la frontière sud du Liban, où il rencontre des membres du Hezbollah. Là, la conversation est tendue :
« Israël agit comme un oppresseur ! Mais nous avons notre aṣabiya, et nous défendrons notre terre. »
Tintin note des contradictions : les villages voisins craignent autant le Hezbollah que les frappes israéliennes.
Tintin rédige le verdict de son enquête :
Israël : Les frappes ressemblent à des razzias militaires ponctuelles, mais elles s’inscrivent dans une aṣabiya nationale plus large, fondée sur la défense de l’identité juive.
Palestine et Liban : Ici, les aṣabiyas sont plus fragiles, divisées par des luttes internes et les pressions extérieures, bien qu’elles s’appuient sur des solidarités locales.
Tintin retourne à Bruxelles, le coeur lourd. De toutes ses notes prises et inscrites dans son carnet, il conclut :
« Les aṣabiyas sont comme des flammes. Certaines s’éteignent dans le vent, d’autres survivent au chaos. Mais ce qui est sûr, c’est que dans ces terres fracturées, l’humanité continue de chercher un sens, même au cœur du tumulte. »
Milou, toujours philosophe, aboit… et manifeste toute son approbation.
![](https://hervey-noel.com/wp-content/uploads/2024/12/milouettintin-300x300.jpg)
Suite à ses enquêtes en Ukraine et dans les territoires palestiniens, Tintin est surpris de recevoir un appel d’un mystérieux interlocuteur.
« Monsieur Tintin, je suis chargé de vous inviter à enquêter sur la complexité des alliances au Moyen-Orient. Vos précédentes missions ont été remarquables. Mais attention, cette fois, je préfère vous avertir, vous allez devoir être confronté à un véritable labyrinthe. Voici votre nouvelle mission … »
Tintin et les mystères du Moyen-Orient.
![](https://hervey-noel.com/wp-content/uploads/2024/12/tintin_dupontetdupont.jpg)
Tintin et Milou repartent pour un nouveau périple et font escale à Damas, où ils rencontrent une figure ambiguë, un certain colonel Zafar, prétendu expert en géopolitique mais soupçonné d’être un agent russe qui lui tient ce discours.
« La Russie est ici pour stabiliser la région, dit Zafar en souriant. Nous avons soutenu le président Assad, non par amour, mais parce que nous croyons à une aṣabiya syrienne forte. »
Tintin hausse un sourcil, sceptique. Il note que la présence russe est davantage motivée par l’accès à des bases navales et par un bras de fer indirect avec l’Occident.
Pendant ce temps, Milou, distrait, s’attarde près d’un camion militaire transportant des caisses estampillées en cyrillique. Soudain une alerte est déclenchée, forçant Tintin et Milou à s’éclipser rapidement.
Interlude … 🙂
Tintin se rend ensuite en Israël, où il est invité à observer un exercice militaire.
« Ici, au Moyen-Orient, nous avons une vision claire : chaque menace est une menace existentielle, lui explique le général Katz. Nos frappes en Syrie ne visent pas la Russie directement, mais nous devons empêcher l’Iran d’armer nos ennemis comme le Hezbollah. »
Tintin observe la sophistication des drones israéliens et des systèmes de défense comme le Dôme de fer, mais il se demande si cette stratégie ne ressemble pas à une guerre sans fin.
Milou, quant à lui, ne peut s’empêcher de courir après un drone d’entraînement, provoquant un fou rire parmi les soldats.
Toujours voyageur intrépide, Tintin retourne en Russie pour creuser la question des alliances. Il rencontre un expert indépendant, Boris Vladimirovitch qui lui tient ce langage :
« Israël frappe en Syrie parce qu’il redoute l’Iran, et nous, nous soutenons l’Iran pour équilibrer le jeu contre l’Occident. Mais attention, les alliances ici sont fragiles, explique Boris. »
Tintin découvre que la Russie joue un drôle de jeu, ambigu. Elle coopère avec l’Iran et soutient Assad, tout en maintenant des canaux de communication avec Israël pour éviter des confrontations directes.
Ce double jeu fragilise les alliances locales mais permet à Moscou de rester un acteur clé.
Tintin rédige son analyse dans le train qui le ramène à Bruxelles :
Russie : Elle agit comme un chef d’orchestre ambigu, jouant sur plusieurs tableaux (alliances avec la Syrie, l’Iran, et dialogue avec Israël).
Israël : Une stratégie de survie permanente, où chaque intervention militaire cherche à limiter les menaces immédiates, quitte à perpétuer l’instabilité régionale.
Moyen-Orient : Pas d’aṣabiya claire, mais un enchevêtrement de razzias ponctuelles et d’alliances opportunistes, sans projet collectif durable.
Au terminus de cette enquête, Tintin retrouve le capitaine Haddock chez lui, qui l’attend une carte du Moyen-Orient dépliée sur la table devant un verre de whisky.
– « Alors, mon vieux Tintin, toujours par monts et par vaux ? »
– « Cette fois, capitaine, je crois que même Milou en a assez. Cette région est un puzzle impossible à résoudre. »
Grimpant sur une chaise pour contempler la carte du Moyen-Orient, Milou reste pensif et pousse un soupir comme pour dire : “Quand ces humains apprendront-ils à jouer au même jeu, et non les uns contre les autres ?”
![](https://hervey-noel.com/wp-content/uploads/2024/12/milou.png)