Bel exemple d’universalité à travers le temps et l’espace entre deux civilisations (Occident et Extrême Orient), lorsque poésie et musique se croisent et se lient : quand la poésie du chinois Li Po (702-762) inspire le musicien autrichien Gustav Mahler (1860-1911) pour sa symphonie « Le chant de la terre ».
La lune au-dessus de la Montagne Triste
Je m’assois seul, le bambou m’accompagne,
Li Po
Je joue de la flûte, et la lune brille.
Quand la lumière s’éteint, je suis enveloppé de solitude,
Mon cœur est triste, mes pensées loin d’ici.
Pensées d’une nuit tranquille
Devant mon lit, la lune brille d’un éclat blanc,
Li PO
Je crois voir du givre sur le sol.
Je lève la tête, contemplant la lune brillante,
Je baisse la tête, et songe à ma terre natale.
Je baisse la tête, et songe à ma terre natale.
Chanson du vin
Parmi les fleurs, avec une cruche de vin,
Li Po
Je bois seul, sans compagnon.
Je lève la coupe, invitant la lune radieuse,
Avec mon ombre, nous sommes trois amis.
Mais la lune ne sait pas boire,
Et mon ombre me suit seulement en silence.
Nous trois nous réjouissons tant que le printemps dure.
Je chante, la lune vacille,
Je danse, mon ombre se déplace en désordre.
Nous restons ensemble en pleine gaieté,
Lorsque je suis ivre, nous nous séparons.
Ce lien insouciant est promis pour toujours,
Rendez-vous au loin dans la Voie Lactée.
Solitude des Montagnes
Les oiseaux s’envolent vers l’horizon,
Li Po
Un nuage solitaire s’attarde au loin.
En regardant la montagne,
Je reste seul avec ma tristesse infinie.