Itinéraire : Altay – Zag – Chuluut.

1. De Altay à Zag.
« Le radeau de la méduse » sur roues, parvient à joindre Alty vers deux heures du matin.
Stanley et Bold quittent leurs compagnons d’infortune, occupés à poursuivre leur route en direction d’Oulan-Bator. Nos globe-trotter, eux, ont fait stopper leur « taxi » devant le seul hôtel de la ville mais à cette heure, tout est noir ici, aucune enseigne lumineuse, l’hôtel est fermé.
Ils tambourinent à la porte jusqu’à ce qu’on leur ouvre.
L’image ci-dessus traduit l’instant d’une séparation avec un groupe ayant vécu une expérience éprouvante. Elle en annonce une autre : « Le contrat de Bold s’achevait à Altaï« .
Tous deux vont devoir se quitter.
Stanley va accompagner son traducteur à l’aéroport de la ville, direction Oulan-Bator.

Le lendemain, à ce même aéroport de la ville, arrivait Mandah, jeune étudiante « au visage rond comme une pleine lune », devant remplacer Bold, comme assistante-traductrice.
Stanley et Mandah vont rapidement trouver guides et chevaux puis signer un contrat compliqué, révélateur de la méfiance généralisée des « soviétiques » envers les étrangers, méfiance qui n’est pas sans lien avec de l’état de dégradation entretenu pendant des décennies par les autorités soviétiques dans les rapports Est-Ouest.
Sambuu, le nouveau guide, symbole et archétype du citoyen soviétique, explique aussi par son seul exemple, bien des difficultés rencontrées par l’Union Soviétique et ses sujets, à l’aube de la Pérestroïka lorsque le pays est passé de l’économie dirigée à la société marchande.
Le guide Sambuu, reviendra souvent sur ce sujet, véritable traumatisme social, soulignant, s’il le fallait, le fossé, le « rideau de fer » présent jusque dans les têtes et les mentalités des populations des pays de l’Est.
On pourrait penser que le fait de voyager dans l’inconfort lié au seul recours de la traction animale, est aujourd’hui une aberration, que le fait de devoir s’exposer ainsi à la nature et à ses intempéries pour voyager est bien inutile, que d’aller à rebours de tout ce que permet la civilisation moderne est dénué de sens … que finalement la somme de tous ces tracas combinés ne soit en fait qu’une démarche absurde …
Eh bien non, cela n’est pas le cas.
Pas le cas pour le lecteur qui découvre ses grandes étendues et participe à cette aventure au jour le jour, dans ses grands espaces, vivant au rythme des pasteurs mongols et de la vie nomades.
Pas le cas non plus, pour les gens qu’il croise comme pour ceux qui l’accompagnent, amenés à se confronter aux aléas des rencontres, en immersion dans la nature sauvage, à la découverte de ces grands espaces.
Parmi le peu de gens qu’il croise, beaucoup vont inviter la petite troupe à passer chez eux, hospitalité oblige mais intérêts aussi. Ce qui pouvait paraitre anecdotique agit comme un important révélateur. De bouches à oreilles, la nouvelle se répand qu’un étranger traverse à cheval leurs pâturages … Aussitôt tout le monde veut connaitre cet hurluberlu, le rencontrer.
La curiosité engendre la sociabilité. Ce qui est vrai pour le lecteur, l’est tout autant pour les acteurs invités à monter sur scène.
De ces rencontres qu’impose le hasard de la route, naissent plus de sympathie que d’inimité. Les différences s’amenuisent en se croisant.
Small is beautiful.
C’est la demande d’un jeune couple tout juste marié chez lesquels la petite troupe est invitée à passer alors que la fête est tout juste terminée, que les derniers invités viennent de partir … Surprenant récit à hauteur d’un conte que l’on découvrira à la lecture.
N’est livrée ici telle une devinette, que l’image du conte dans son évocation.
2. De Zag à Chuluut.

« Nous avons passé cinq jours à Zag, comptant parmi un groupe de ger éparpillés au bord du fleuve. Des cavaliers de passage s’arrêtaient pour bavarder, les invitations à diner étaient fréquentes et nous n’avons pas tardé à faire parti du voisinage. Nous avons fini par connaitre les familles les plus riches et les plus pauvres de la plaine. »
A ce sujet l’auteur note que dans ce coin perdu, éloigné des cités du monde, les plus riches ne sont pas les plus fiables et là encore, les plus pauvres se montrent les plus généreux.
Le ger de Zag est aussi l’étape où l’on change de chevaux et de guides.
Pour les guides, l’auteur précise : « un innocent du village, un jeune ahuri coiffé d’un petit chapeau rond » qui pensait que le reste du monde était peuplé de voleurs de chevaux et la nuit venue, ne dormait jamais que d’un oeil. « Il était accompagné d’un neveu de 10 ans, un garçon grave, qui voyageait assis sur les bagages comme un petit empereur. »
La Mongolie voisine de la Chine. La preuve par l’image.
La petite équipée franchit le Hangaï dans la province de l’Arhangaï, la plus boisée de Mongolie, pour descendre en direction du fleuve Chuluut et sa bourgade du même nom.
La suite au prochain épisode.
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.