L’empire du vent de Stanley Stewart 10

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Une pause à Chuluut au milieu de l’Arhangaï.

« En Mongolie, je me suis demandé s’il était possible d’être plus heureux.
Quand les chevaux sont bons et qu’il faisait beau, j’avais le sentiment d’être au paradis. »
Stanley Stewart

Chuluut-Ville au bord de la rivière du même nom.
Image vue du ciel (Google Earth)

Après avoir franchi le massif du Hangaï et pénétré dans l’Arhangaï, province aux paysages variés, avec ses forêts de mélèzes, ses zones rocailleuses et ses plaines étendues d’herbes, peuplées de ger, les quatre cavaliers longent une rivière pour arriver en vue de la bourgade de Chuluut à quelque distance devant eux, éclairée par le soleil couchant mais sous une pluie serrée et abondante.
Un nuage s’est déchiré juste au-dessus de leurs têtes … et c’est au galop qu’ils atteignent les premiers baraquements de la ville, les chevaux ayant eux-aussi, joyeusement senti l’arrivée et la fin de l’étape, « l’écurie » dirait-on en bon français.

Illustration DALL.E et Hervey
« Surpris par une giboulée aux abords de Chuluut »

Les autorités prévenues de leur arrivée leur réservent un accueil surprise et officiel, « le maire, le policier, le commerçant, le bibliothécaire, l’hôtelière et la receveuse des postes » sont là dans le jardin de l’Hôtel de Ville où ils vont devoir passer cinq jours, le temps de trouver un nouveau guide et de nouvelles montures nécessaires à la poursuite du voyage.
C’est l’occasion de « voir la ville » et faire quelques nouvelles connaissances, d’allonger la liste des portraits saisis sur le vif.
C’est aussi le moment pour Mandah de donner des nouvelles à sa famille en se rendant au très précaire bureau de poste et seul téléphone de la bourgade de Chuluut .

Illustration DALL.E et Hervey
La standardiste essaye d’avoir la ligne avec Oulan-Battor : Allo, allo !?
A gauche Stanley et Mandah, à droite Rudy.


Là, ils vont rencontrer Rudy, un jeune routard allemand, originaire de Francfort, qui voyageait sac à dos, parti sur les routes d’Asie … et amené ici pour un bon prix par un petit escroc ayant flairé une bonne affaire, un Rudy baba-cool innocent, coincé depuis un bout de temps dans ce coin perdu, en attente d’une voiture qui passerait par là, squattant depuis plusieurs jour le bureau de poste, espérant pouvoir joindre, quand la ligne le voudra, une connaissance à Oulan-Battor qui pourrait dépêcher pour lui, une Jeep venant le sortir de ce trou.
Du bibliothécaire de Chuluut, l’auteur en fait le portrait d’un homme mal-aimé, d’un poète contrarié. Un chapitre lui est consacré, raccordant suffisamment d’histoires et de facettes assemblées par les jugements de son entourage pour que le lecteur s’en fasse une image plus précise, assez proche d’une personnalité que l’on qualifierait aujourd’hui de bipolaire.

Illustration DALL.E et Hervey
« Jour de pêche à Chuluut »

Un matin, ne sachant trop comment occuper son temps dans l’attente d’un guide et de nouveaux chevaux pour reprendre la route, Stanley décide de tuer le temps en allant à la pèche avec le Bibliothécaire, un des seuls habitants à manger du poisson à Chuluut.
Stanley avait amené dans ses bagages son matériel pour la pèche à la mouche acheté à grands frais à Londres dans un magasin spécialisé, « influencé » dit-il, par le vendeur qui lui avait assuré que la Mongolie-Extérieure était reconnue comme étant le paradis des pêcheurs à la mouche … l’occasion ou jamais de lancer ses mouches et seul espoir de changer le menu du jour.
En quelques minutes, avec son matériel rudimentaire habituel, « un bout de bois, une ficelle hameçonnée avec pour appât de petits morceaux de moutons séchés« , le Bibliothécaire sort du fleuve quatre gros poissons (lenok) et rentre chez lui.
Stanley passera plus de temps les pieds dans l’eau mais ne rentrera pas bredouille.
Avec le produit de sa pêche, quatre truites, il pense pouvoir organiser un petit gueuleton et lancer une invitation au près du maire, de la receveuse des postes et de la belle hôtelière.
Le passage inopiné d’un groupe représentant l’autorité du coin en décidera autrement …

Au bout du cinquième jour d’attente, Stanley et Mandah la traductrice vont pouvoir reprendre la route avec de nouveaux chevaux et un nouveau guide : un beau vieillard, « aux yeux couleur de thé, quelques pâles touffes de poils sur les pommettes, quatre dents, des bottes mongoles traditionnelles, au bout pointu comme les souliers d’un elfe, et un nom tibétain – Belginnyam« , un des oncles de la belle hôtelière.
Ils laissent derrière eux un pauvre poète, maudit de surcroit qui ne viendra pas les saluer en ce jour du départ, et probablement un Rudy toujours exploité et toujours en attente d’une Jeep de secours.
Ainsi est la vie.

La suite au prochain épisode.

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