
Stanley Stewart fait parti des écrivains voyageurs qui tel Ulysse ont bourlingué aux quatre coins de la planète, curieux d’espaces, d’histoires et de visages nouveaux.
En ouverture au livre, un prologue renseigne le lecteur sur l’auteur et sur la singularité de cette entreprise nomade.
« L’Empire du vent » serait le fruit d’une enfance rêveuse, apte à questionner le sobriquet de « mongol » que lui donnait sa grand-mère pour ses errances vagabondes dans un monde pourtant sédentarisé depuis des lustres. Plus tard, précise-t-il, un séjour de dix mois en Iran à la découverte de la Perse ancienne dans les paysages désertiques d’Iran décidera l’auteur adulte à entreprendre de remonter le temps et cheminer à la recherche de ces « barbares » qui n’ont rien laissé; les nomades ne faisant que passer.
Remonter à la source c’était refaire le parcours d’un des plus illustres d’entre eux : le roi Mongol Gengis Kahn.
Autre évocation, le missionnaire et grand voyageur Guillaume de Rubrouk. Ce frère dominicain chargé de convaincre en son temps le roi Mongol reviendra croiser sa route et tel un leitmotiv, hanter les pages de « L’Empire du vent ».
Aujourd’hui des organismes du style tour-opérator proposent des randonnées de dix à quinze jours, à la découverte de sites oubliés et peu visités, « L’Empire du vent » offre le récit complet d’un long voyage, à pied, à cheval, en bus, en voiture, en train et même en avion, au départ d’Istanbul en Turquie pour rejoindre Dadal en Mongolie, au confluent de l’Onon et du Badj, à 300 km au Nord d’Oulan-Bator. Un vaste périple.
Ce livre de voyage et d’histoire est résumé ici, en plusieurs épisodes. Illustré par des copies d’écran de cartes saisies sur Google Earth et quelques « photos » générées avec le concours de DALL.E à partir de prompts inspirés de descriptions tirées du livre.
Bonne lecture.
Premier épisode. Traversée de la Mer Noire sur « Le Mikhail Lomonosov » vieux cargo russe au départ d’Istanbul via Sébastopol en Crimée.

Stanley Stewart atterrit à Istanbul venant de Londres et passe les jours suivant à rendre quelques visites opportunes et se mettre en jambe pour débuter son périple qui va durer plus de cinq mois …
Pour partir d’un bon pied, la connaissance de l’histoire et des lieux que l’on traverse sont des bagages léger à porter mais très utile; une visite à Notre-Dame-des-Mongols pour toucher l’Histoire et ses liens avec le passé, puis une balade près du port à la recherche d’un bateau en partance pour la Crimée … et tout commence. C’est toujours le premier pas qui coûte.
Deux jours plus tard on lève l’ancre, première étape Sébastopol.
Le reste suivra.

Sortie du détroit du Bosphore sur le « Mikhaïl Lomonosov » (cargo russe hors d’âge) au débouché de la Mer Noire. Au loin, à gauche et à droite les phares Rumeli Feneri et Andalou Feneri sur les deux rives Occident et Orient.
Voyager c’est traverser des paysages et rencontrer des individus.
« L’Empire du vent » est aussi un livre d’images fait de paysages et de portraits.

Le jeune Kolya, Anna, Olga et Stanley sablent le Champagne à bord du cargo.*
*Le mot Ketnan (ou Keinan) n’a pas de sens connu m’informe ChatGPT. C’est une simple erreur de fabrication, un artefact de l’image générée.
Pour une raison qui m’est inconnue, DALL.E n’est pas parvenu à effectuer le prompt demandé, malgré mon insistance. Trois coupes se lèvent au lieu de quatre gobelets en plastique … et l’on croit comprendre pourquoi Olga n’a pas le sourire.
En fait, c’est davantage DALL.E qui signe son forfait avec ce livre laissé en vue, sur la table. Mystère !
J’ai souhaité conserver cette anomalie. Elle fait partie du « voyage » !
Dans cette aventure du voyage, les rencontres sont immédiates et directes ou ne sont pas.
C’est le cas avec Dimitri, le capitaine du Mikhail Lomonosov qui avoue que c’est son dernier voyage : « Je n’en peux plus » lui confit-il, « vous savez combien de fois j’ai fait ce trajet ? Sébastopol, Istanbul, Istanbul, Sébastopol ? Quatre cent quarante sept. ça suffit comme ça, je crois, ça me rend dingue. Si je quite pas ce bateau, je vais tuer quelqu’un » … « On appareille à six heures, lundi soir. Soyez pas en retard. »
On est vite bousculé.
Ici, le rythme du voyage pousse à l’immédiateté.
Faut s’adapter et s’adapter sans délai.
C’est le cas de Kolya, « un adolescent efflanqué, au teint rebelle, en état de perpétuelle effervescence. Des soubresauts d’impatience juvénile agitaient et tordaient ses membres dégingandés » … et d’affiner le portrait, « Kolya avait hâte de grandir, de découvrir la voie express menant au monde adulte, avec ses devises fortes, ses combines illégales et ses femmes. » Je laisse dans l’ombre l’affaire du révolver … au lecteur de le découvrir.
Anna, l’une des passagère qui a tapé dans l’oeil de Kolya, n’est pas à l’abri non plus de ce vent de liberté qui a bousculé le monde soviétique dans ces années 1990 (période durant laquelle l’auteur fait ce long voyage de plus de cinq mois). L’effondrement du communisme avait transformé en commerçants tout le monde sans exception.
« Le long des voies maritimes de la mer Noire circulaient des quantités de jeunes femmes en route vers les quartiers mal famés d’Istanbul ». Au cours de cette soirée nous dit l’auteur, « Anna, sifflant ses cocktails l’un après l’autre, avait passé la surmultipliée dans le registre : je fais la fête » … et de poursuivre « Anna a tenu à tout prix à danser avec moi, me trainant par le bras sur la piste vide. Le fond de son répertoire comportait deux pas de danse, dont aucun n’avait de rapport avec la musique. Le premier était franchement coquin : elle faisait onduler ses hanches de façon provocante tout contre moi en insinuant une de ses jambes entre les miennes … »
Ce premier épisode de la traversée de la Mer Noire sur un vieux rafiot à vapeur tout droit sorti des pages d’un Joseph Konrad, donne un ton particulier au récit qui ne nous quittera plus.
La suite au prochain épisode.
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