Déclinaison : Dionysos, la vigne et le vin.
Singularité de l’art grec.
La France est le premier exportateur de vin au monde (en valeur), loin devant l’Italie et l’Espagne.
La consommation mondiale de vin progresse chaque année. Sauf incident météorologique, les producteurs n’ont pas lieu de se plaindre ni rien à craindre des déclarations intempestives du roi UBU made in USA (pays premier consommateur) …
Le propos de cette nouvelle DECLINAISON intitulée « Dionysos la vigne et le vin », est justement d’évoquer sa consommation, d’en rappeler le bon usage édicté par les grecs sitôt que ce breuvage fit son apparition dans ses contrées, car ses origines lointaines étaient plutôt caucasiennes.
L’histoire est rapportée par Lawrence Durrell dans « Les iles grecques » :
Dionysos ayant débarqué sur l’ile de Naxos dans les Cyclades fut intrigué par une minuscule plante poussant au bord du rivage. Il décida de la recueillir avec ses petites racines mais comme il faisait très chaud, il chercha sur la plage de quoi la protéger le temps d’atteindre le centre de l’ile. Il trouva un petit os d’oiseau dans lequel il glissa ces minuscules racines. Chemin faisant, il remarqua que la petite plante poussait et poussait très vite. Il trouva un os de lion et mis l’os d’oiseau dans l’os de lion. La plante grandissant toujours, il dut à nouveau chercher sur sa route un objet plus volumineux pour protéger cette plante à forte croissance. Il trouva un crâne d’âne dans lequel il glissa la plante, ses racines et les deux autres os enchevêtrés.
Parvenu au centre de l’ile, il mit le tout en terre, os et racines entremêlées.
Ainsi naquit la vigne.
La vigne donna des raisins avec lesquels les hommes firent le vin.
- En buvant le vin, les hommes se mirent à gazouiller et chanter comme des oiseaux.
- Continuant de boire cet euphorisant breuvage, ils rugirent, se donnant l’impression de devenir aussi fort que des lions.
- Buvant encore, ils se mirent à braire bêtement comme des ânes.
Lawrence Durrell tenait cette histoire d’un compatriote, un certain Lawson, histoire qui lui fut elle-même contée par un grec de Naxos qui la tenait par tradition de ce « bouches à oreilles », transmis probablement depuis les origines de la culture grecque.
Dionysos et Apollon sont comme les deux extrémités du monde et bon an mal an, nous glissons juchés sur un curseur entre ces deux pôles, ballotés par deux courants contraires.
Apollon et Dionysos c’est l’antagonisme.
Apollon et Dionysos, c’est le soleil et l’eau, la clarté et la pénombre, la raison et le désir, le visible et l’invisible.
Qu’un seul des deux règne et c’est le dessèchement ou le débordement.
Au Nord de Naxos, coincée entre Rhénia et Mykonos est l’étrange petite ile de Délos : ile réservée en exclusivité au dieu Apollon et ce depuis des lustres.
Au coeur du sanctuaire du dieu Apollon est érigé un temple à la gloire de Dionysos, phallus en érection fort bien campé sur sa colonne pour ceux qui auraient la vue basse …
Paradoxe et génie de l’art grec ! Preuve que les dieux grecs savent dialoguer, voire brouiller les pistes.
L’ile de Délos a aussi la particularité d’être le plus vieux paradis fiscal du monde. Mais c’est une autre histoire…