(Gravure numérique tirée à 4 exemplaires sur papier tecco FineArt Rag 295 g/m2)

Quelle(s) énergie(s) pour demain ?

Que penser ? Que dire ?

Le futur est par principe improbable, mais finit toujours par advenir. Autant s’y préparer mais comment ?

Dans la boite à outils des prévisionnistes, le retour sur investissement est un calcul qui fait appel au bon sens mais il n’est pas simple à poser sur le long terme.
Si l’on récolte moins que ce que l’on investit, nous dit-on, pas la peine de se décarcasser, autant rester couché. Comme on ne va pas manger cru ni se vêtir de peau de bêtes, c’est pas la tendance, il va bien falloir se bouger les neurones.
Une fructueuse lecture* vient à point et m’apprendre ce qu’est le TRE et son usage.
Le TRE ou Taux de Retour Energétique est le différentiel entre l’énergie produite et l’énergie investie pour la produire justement et sert donc à mesurer cet écart.
Quelques chiffres pour voir.
En 1910, le pétrole US avait un TRE de 100:1, ce qui signifiait que pour 1 unité d’énergie investie, on en récupérait 100. Trés bonne affaire.
En 1990, il n’était plus que de 35:1 et aujourd’hui il est de 11:1, nettement moins bien.

Des chiffres TRE qui diminuent de jour en jour.
Holà !
Et oui, cela signifie que le pétrole de surface s’épuisant (consommation exponentielle, voir photos New-York 1913-2013) on peine d’avantage pour aller le chercher plus profond, plus loin, et cela coûte.

Chiffre TRE insuffisant ? Oui, très insuffisant.
Nos sociétés modernes auraient besoin d’un TRE minimal de 12:1 pour maintenir nos trains de vie (apprend-on encore).
Nous serions donc sur la pente de la décroissance, qu’on le veuille ou non.
Fort heureusement nous avons des énergies de substitution au pétrole, et c’est là que cette image tirée de la série DECLINAISON et intitulée « Quelle énergie pour demain ? » sans être exhaustive vient pointer le bout de son nez et questionner :
Quoi donc après le pétrole? L’hydroélectrique, le nucléaire, l’éolien, le photovoltaïque…?
Laissons toujours la parole au TRE. Qu’apprend-on?

Que le TRE pour :
le solaire est de1,6:1
l’éolien 3,8:1
les sables bitumeux 3,1:1
le pétrole de schiste 5:1
le gaz naturel 10:1
le nucléaire entre 5 et 10:1
l’hydroélectrique de 35 à 49:1
le charbon 50:1

Pas formidables les chiffres et problématiques.
On n’a jamais trop prêté attention à cet or noir, qui portait bien son nom, à son TRE super-bien.
Alors ?
« Je me souviens des jours anciens et je pleure« ?…
Non, mais l’on se prend à regretter le gaspillage, les kilomètres brûlés pour des bêtises, Paris-Cambrais pour une boîte de bonbons, les aller-retours « en bagnole » au village pour une boite d’allumettes ou d’autres paris stupides, virée à  Barcelone pour un apéro-pastis dans le quartier du Barrio Chino… la connerie humaine, de l’insouciance au défi. Passons.
Quant à remplacer le pétrole, c’est pas demain la veille que les voitures, les camions, les bateaux, les avions vont marchés au charbon ou au nucléaire. Trop polluant, trop dangereux, trop incommode. A l’électricité ? Pas plus ! Des chercheurs ont calculés que pour couvrir nos besoins en énergie électrique d’ici la fin du siècle, il faudrait construire 23000 centrales nucléaires ou 36 milliards de panneaux solaires ou 14 millions d’éoliennes ou 1800 barrages gigantesques… Vous vous imaginez le tableau ? Ceux sont les matériaux qui vont manquer.
Pour la fabrication de ces nouvelles énergies hight-tech, non seulement on va chercher toujours plus loin et plus cher ces terres rares, argent, silicium, uranium pour leur fabrication (matières premières qui elles aussi sont limitées) mais de plus, on s’endette pour cela, avec à la clef des risques de faillites car la finance-entremetteuse et ses paris sont présents tout au long de la chaine : recherche de gisements, forage, extraction, acheminement… et tous les aléas politiques, climatiques, humains… La montée des cours, leur descente, les taux d’intérêts sur les prêts qui eux aussi fluctuent, un vrai toboggan de fêtes foraines livré à l’ivresse de la consommation, à l’aléatoire de l’histoire et du temps …
Quel monde !
Un monde de dettes perpétuelles et de perpétuelle énergie dépensée pour couvrir ces dettes. Pas raisonnable ce tourniquet ! Une valse infernale, une vraie pyramide de Ponzi.

Au final, la mise en musique de cette partition donne quelque chose de dissonant, d’hasardeux, d’inquiétant. On en a des sueurs froides.
Se dessine une fin de partie où le plus probable semble hésiter entre un écroulement lent et inexorable et un effondrement systémique brutal.
Pendant ce temps, ça ne s’arrange pas sur le front climatique. L’activité frénétiquement se poursuit et notre chère météo en contre-point telle une contre-publicité nous le rappelle chaque jour à sa façon, oui chaque jour.
Ainsi va le monde.

Etouffant… ce que cache ce petit point d’interrogation (?) !

* « Comment tout peut s’effondrer » Pablo Servigne et Raphaël Stevens

Gravure disponible en ligne.