Mariage mongol traditionnel, à une journée de cheval de Tsetserleg.

« En quittant Tsetserleg dans les griffes d’une apocalypse jaune » (fort vent de sable).
C’est sous une tempête de sable que notre globe-trotter va reprendre sa chevauchée en direction de Korakorum.
Le chauffeur de la Jeep qui l’avait amené chez le vieux lama, apprenant que Stanley était toujours à la recherche d’une équipée, guide et chevaux, nécessaires à la poursuite de son voyage, lui avait aussitôt proposé les services de son frère cadet.
Marché conclu.
Le jeune guide se présenta le lendemain matin à l’hôtel avec quatre chevaux « très ombrageux »…
Ils quittèrent aussitôt Tsetserleg, « drapés dans des écharpes » afin de se protéger d’un fort vent de sable qui dura toute la matinée.
Il chevauchèrent jusqu’au soir, faisant halte dans un groupement de ger, le camp d’automne de la belle famille du guide où devait se tenir, le jour suivant, un grand mariage.
Déjà, plusieurs personnes croisées à Tsetserleg avaient prévenu l’étranger que ce genre de fête pouvait dégénérer. « On allait boire. Les choses pouvaient se gâter« .
Il valait mieux partir.
Pour l’écrivain-voyageur, c’était une invitation à rester !
La tradition tient une place importante dans la culture mongole qui vit au rythme de ses déplacements liés aux besoins de pâturages toujours verts pour nourrir son cheptel en toute saison. De ce fait, les mongols vivent dans des yourtes, tentes démontables ou ger, type d’habitation qui n’a guère changée depuis des siècles.
Le mariage mongol auquel assiste l’auteur de « l’Empire du vent » est résumé ici en trois photos (avant, pendant, après) accompagnées de quelques unes de ses descriptions.
La tradition Mongole.
Avant.
Les préparatifs du mariage.
« La décoration comportait un poster de cette intarissable source d’inspiration qu’était le héros Bartadene, champion de lutte du pays, accroché bien en vue au dessus du lit conjugal. Des biscuits des tranches de fromage dur et blanc et des bonbons acidulés avaient été disposés partout où l’on pouvait en mettre, empilés en étages vertigineux, comme des pièces montées. Sur un tabouret bas, un plat offrait une véritable montagne de morceaux de mouton, arrangés avec art, le meilleur morceau, la grosse queue luisante de gras, reposant comme un glacier au sommet. »
Comme si vous y étiez !
La tradition Mongole.
Pendant.
Le mariage.
« L’arrière du camion était bourré d’invités dans un tel état de gaité échevelé, que nous avons eu quelques difficultés à les persuader de descendre du véhicule. Il n’a pas fallu moins de quatre solides gaillards pour transporter sur la terre ferme la mère de la mariée, convaincue semble-t-il, que l’on s’était trompé de ger. Quant à la soeur ainée de la jeune épouse, repoussant d’un haussement d’épaule toute assistance, elle a dégringolé la tête la première par-dessus le hayon, rebondi deux fois et fini sa cabrile, le sourire aux lèvres, contre le chambranle de la porte. »
La tradition Mongole.
Après.
La fin des festivités.
On passera légèrement sous silence les excès d’hospitalités, les quantités d’airag* et d’arkhi*, les rivalités de familles « s’évertuant » à montrer qui dépense et se dépense le plus à la fête, lors des chants, des toasts portés (en veux-tu en voilà) à toutes occasions … lorsque tout à coup nous dit l’auteur, » le ger devienne le cadre d’une émeute et l’on s’est mis à échanger des coups … les jeunes mariés s’abstenant sagement de prendre part à l’échauffourée, étaient assis côte à côte, les yeux courtoisement baissés comme si l’état de guerre qui faisait rage tout autour d’eux n’était rien de plus qu’un énième discours un peu embarrassant. »
*airag : lait de jument fermenté, légèrement alcoolisé.
*arkhi : eau de vie obtenue à partir de l’airag.
Conclusion de l’auteur.
« Une fête nuptiale où l’on peut coller une bonne trempe à la belle-famille n’était-elle pas de ces événements que les occidentaux ne peuvent connaitre qu’en rêve ? » CQFD.
La suite au prochain épisode.


