Sale temps pour les démocraties (3)

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©Hervey : Post-it – « Effet Thucydide »
Sur une musique d’Arthur Honegger Pacific 231 (détail).

Des vents nouveaux soufflent
mais les grandes cités restent muettes.
On sent la bascule,
mais nul ne nomme le vertige.

Sous les verrières des palais,
on fête les records de fortune.
Mais dans l’ombre des parlements,
le doute s’installe
et le peuple baisse les yeux.

Ils disent que la démocratie
est un feu lent,
patient, juste.
Mais voici que le brasier
se nourrit de silence
et de colère contenue.

Le riche ne débat pas.
Il possède.
Il influence le droit
sans se soumettre à ses règles
Il navigue au-dessus des lois
comme un cerf-volant sans fil

Pendant ce temps,
dans d’autres empires,
on tranche sans hésiter.
On trace des routes,
on bâillonne les plaintes,
on avance comme un bloc.

Les démocraties regardent cela et vacillent.
Pas à cause de la force étrangère,
mais parce qu’elles ne croient plus
à leur propre récit.

Thucydide écrivait la peur.
La peur des anciens rois devant les nouvelles puissances.
Mais aujourd’hui c’est l’inverse :
les vieux empires renaissent,
et la démocratie doute,
non de l’autre,
mais d’elle-même.

Le peuple attend des gestes clairs.
Il voit les inégalités
comme des murailles.

Il sent que le pouvoir
a quitté la place publique
pour se lover
dans des mains invisibles.

Le monde bascule
comme un bateau mal lesté.
Les vents d’Est soufflent,
les voix de l’Ouest s’effritent.

Il faudra choisir :
reconstruire la maison commune
ou fuir chacun pour soi.

Le jour se lève sur une idée fragile.
L’Histoire ne prend pas parti.
Mais elle se souvient de ceux
qui ont trop tardé à croire encore.

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