L’Empire du vent de Stanley Stewart 17

Classé dans : Un jour un livre | 0

Itinéraire du camp de Burkhan Khaldun à Batshireet.

Quatre à cinq jours de cheval, du camp de base au pied de la « montagne sacré » à Batshireet.

Quittant leur camp de base au pied du Burkhan Khaldun, les trois cavaliers vont péniblement franchir des vallées tristes et boueuses sous couverts de forêts humides, fatigant les chevaux et les hommes, trois jours durant.
Au bout du quatrième jour, une vallée s’est ouverte comme une fermeture éclair, ciel et terre se sont éclaircis. Les pins épineux ont laissés place à des bouleaux au feuillage d’automne, les vents ont disloqué le plafond gris pour en faire un ciel bleu piqueté de petits nuages blanc et la terre boueuse s’est changée en prairie.
« Le matin du quatrième jour, dans une vallée d’herbe d’un roux sombre, nous avons vu une bande de chevaux et, une heure plus tard un ger planté parmi les troupeaux de moutons vagabonds : c’était la première habitation que nous apercevions en près d’une semaine ».
Les chevaux ont salué l’événement en se mettant au petit galop (j’interprète en mots et en image).

Illustration DALL.E + Hervey
« Au petit galop »
Batshireet vu du ciel (Google Earth)

Le joyeux petit galop va vite se faire oublier, sitôt mis pied à terre à Batshireet : « Je n’étais pas en ville depuis une demi-heure que je me faisais arrêté. »
Un lugubre personnage lui rend visite à l’hôtel pour une convocation immédiate chez le gouverneur.
Le globe-trotter voit tout de suite le piège tendu.

Illustration DALL.E + Hervey
« Convocation dans le bureau du gouverneur » (1)*

Stanley a remarqué l’atmosphère qui pèse sur la ville, en lien avec la proximité de son voisin russe, influences visibles sur les moeurs et les mentalités comme si cette réalité l’avait soudainement plongé dans un film de série B avec ses archétypes, et le déroulé d’une histoire à venir qui s’annoncerait d’emblée sans surprise.
Stanley sait fort bien qu’il n’a pas de laisser-passer (de visas) pour circuler dans les environs de Bashireet … que c’est du pain béni pour la police locale, un job comme tombé du ciel. Dans un pays où il y a dix mille fois plus d’arbres que d’individu, les larcins ne courent pas les rues, ça va de soi et l’occasion est trop belle pour l’Institution, en état de chômage endémique, de retrouver des couleurs et hisser pavillon.
Cerise sur le gâteau, la police a sous la main un étranger, un étranger pouvant s’acquitter d’une forte amende … à destination du compte du gouverneur, himself.

Illustration DALL.E + Hervey
« Convocation dans le bureau du gouverneur » (2)*

Pour ne pas se retrouver dans cette situation (1), il faut prendre les devants, ne pas entrer dans la souricière mais surprendre son auditoire en déclamant comme au théâtre, un autre discours.
Il lui faut anticiper, déjouer l’hubris des représentants de l’institution et en présenter une autre plus alléchante qui va renverser la situation.
Sur un ton jovial et glorieux, l’écrivain ne va pas tarir d’éloges sur le pays qu’il vient visiter, heureux de boucler ici, en leur compagnie, le long périple de sa traversée de la Mongolie à cheval … et sans fléchir, poursuivre que sitôt rentré à Londres il allait publier un livre sur son voyage, dans une grande maison d’édition, qu’il était enchanté de l’accueil que lui réservaient les autorités de la ville et qu’à n’en pas douter, son livre allait susciter beaucoup de curiosité dans le monde anglo-saxon, qu’il était fier de pouvoir faire partager au plus grand nombre son enthousiasme des grands espaces et ces splendides paysages de Mongolie, qu’il était convaincu des bienfaits que cela allait apporter au syndicat du tourisme de la très jolie ville de Bashireet. (2)

Sésame ouvre-toi !

« Le gouverneur a commencé à bafouiller, avant de s’interrompre carrément … « 
Sitôt fait, le gouverneur, himself, tout sourire, l’emmène visiter la Bibliothèque Municipale pour prendre connaissance de l’Histoire culturelle de la ville et découvrir les vieux documents photos des dignes fondateurs de la ville.
« En un rien de temps, Batchireet tout entière a été subjuguée par les perspectives du tourisme. »
De retour à l’hôtel, la tôlière s’imaginait déjà envahie par des hordes de touristes, inquiète des travaux à devoir effectuer pour se mettre aux normes …
Seul le bibliothécaire, jeune personnage évanescent, hors-sol et dans sa bulle, fut plus distant, à cent lieux de comprendre pourquoi Stanley s’était donné tant de mal pour venir jusqu’ici, dans ce trou du cul du monde.
L’essentiel était acquis. Stanley avait su préserver sa liberté de mouvements et pouvait envisager de poursuivre sereinement sa route en direction de Dadal, la fin du voyage.
Avec l’aide du gouverneur, Stanley et Mandah sa traductrice sortiront de la ville dans la Jeep d’un boucher parmi des carcasses de vaches et de moutons pour se rendre à Binder, petit village à quarante kilomètres pour y trouver de nouvelles montures et un nouveau guide.

*Post scriptum à propos des deux dernières illustrations (Convocations 1 et 2) générées par l’IA.
Il n’est pas toujours facile d’écrire un prompt devant générer l’image. Trop souvent les corrections faites en espérant améliorer le rendu, génèrent de nouvelles erreurs et aggravent encore plus la dite image. Toutefois DALL.E semble s’améliorer avec le temps.
Ici, les deux images et leurs mimiques en questions sont assez bien réussies.
En regardant bien, tout en passant d’une image à l’autre, DALL.E a fait preuve d’un humour involontaire, par ajouts successifs et de sa propre initiative.
C’est de son propre chef que l’IA a modifié le bureau du gouverneur, repeint les murs, crée une fenêtre pour faire entrer la lumière, offrant le thé au visiteur en question et officialiser la scène comme si l’on y avait convié la presse. Les autorités souriantes, ont revêtu leurs plus beaux habits. Jusqu’au bureau qui s’est retourné avec les tiroirs du côté de Stanley, faisant des trois personnages représentant l’autorité … ses invités.
C’était à noter.

La suite au prochain épisode.

Suivre Hervey:

peintre sculpteur graveur

Peintre - sculpteur - graveur

Les commentaires sont fermés.