Nuagerie – Prosper II

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Nuagerie

« Prosper II »

« Une suite d’images construites en prenant le nuage, les nuées comme vecteur de créativité plastique. Thème baudelairien, impressionniste ou chinois, le nuage toujours changeant jamais le même est un élément essentiel dans le ciel de Bourgogne (et pas seulement) qu’il traverse d’ouest en est chaque jour. 

 

 

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« Le mousse commence les préparatifs du repas. La cuisine sur le poêle à charbon amarté à l’avant, dans la soute à voiles. Dans cette caverne obscure, où se mélangent de puissants remugles de chanvre, de goudron, de moteur, de vieille soupe aux choux et de fumée de charbon, il pousse tranquillement son fourneau au rouge, à un pas des voiles pliées, des glènes de cordages et des bidons d’essence du treuil. Quand la mer est trop forte cependant, le poêle est abandonné, car le mousse ne peut maintenir la grande marmite dessus sans risque de se brûler, ni la transporter sans encombre à l’arrière en traversant le pont battu des lames. Il cuisine alors dans le poste arrière, sur un petit réchaud à gaz fixé dans un coin; mais quand le bateau prend un certain angle de gîte, la flamme au lieu de chauffer le fond de la marmite vient lécher la cloison qui, parfois, commence elle-même à s’enflammer… jusqu’à ce que l’un ou l’autre finisse par s’en apercevoir : « Ah, garce ! C’est que ça brûle par là ! » Et si quelques coups de botte bien appliqués ne peuvent avoir raison du début d’incendie, une grande potée d’eau lancée à la volée vient y mettre bon ordre, soulevant un nuage de vapeur. »

Simon Leys : « Prosper »

La gravure digigraphique « Prosper II » est disponible en boutique.

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peintre sculpteur graveur

Peintre - sculpteur - graveur

2 Responses

  1. marie thérèse Péroz Blaise

    Etrange distorsion :j’ai vu un menhir se dresser sur la mer ,c’était la grand voile ;j’ai eu peur ,j’étais mal à l’aise .Les couleurs sont si belles ,le bateau si élégant et cette chose lourde tellement incongrue !
    Et puis le texte ,la tempête ,l’effroi .Et la surprise d’un nuage de vapeur ,tout petit ,tout léger ,sifflant peut-être .
    Quant à Simon Leys ,homme de mer ,de larges horizons ,bien sûr ,il est remarquable qu’il ait vu ,à rebours de tous les autres ,l’imposture ,le mensonge ,la cruauté ,le saccage d’une civilisation chinoise ancienne ,raffinée ,comme si la culture était l’ennemie la plus terrible à abattre par n’importe quel dictateur ,à n’importe quelle époque ,où que surgisse l’immonde dictature à face populiste.

  2. Hervey

    Oui, il faut lire Simon Leys, ses essais sur la Chine, ses traductions aussi, du chinois ou de l’anglais, ses textes encore sur les écrivains et la littérature française.
    Sur la Chine encore, puisque l’occasion m’en est donnée, voir ou écouter Anne Cheng (notre voisine) professeur au Collège de France :
    https://www.college-de-france.fr/site/anne-cheng/_audiovideos.htm

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