Inferno : Canto 6

Feuilleton – L’Enfer : Chant 6

 

Cette fois c’est sous une pluie battante que Dante franchit le troisième cercle où sont parqués les gourmands.
Le chien Cerbère, à trois têtes (trois âges de la vie), symbole de la voracité et de la discorde en est le gardien.
Tout le monde peut entrer mais pour ressortir… pas question.
Cerbère est là !

Interpelé par une ombre, Dante interroge alors ce florentin (comme lui) surnommé Ciacco (pourceau) et lui demande des nouvelles du pays, que sont ses amis devenus, divisés entre guelfes noirs et guelfes blancs (à cette époque Florence est guelfe noir, Dante appartient au clan des guelfes blancs, il est en exil et mourra en exil).
Ciacco ne pratique pas la langue de bois. En quelques images fulgurantes, la réponse tombe :  ils sont au fin fond de l’enfer, si tu y descends tu les trouveras dit-il en substance.
Il poursuit, annonçant pour Florence un avenir plus sombre encore.

On touche ici aux ressorts historiques de la Divine Comédie.
Dante, chroniqueur-reporter décrit, s’engage, prend parti en témoin de son temps, une époque violante, sanglante.
Ce voyage en enfer, purgatoire et paradis lui permet de juger avant l’heure (du grand jugement) et de règler des comptes. L’Enfer prend des allures de bandes dessinées ponctuées de scènes d’actualités où se côtoient le sublime et le grotesque.
Faits réels, familles, hommes et femmes viennent hanter les trente quatre chants qui composent l’Enfer.
Farinata chef gibelin, Tegghiaio podestat de San Gimignano, Rusticucci procureur de Florence, Mosca podestat de Reggio et bien d’autres, referont surface (Ciacco dit vrai) un peu plus bas, dans les profondeurs de l’Enfer.
S’en suit échanges et considérations sur la morale avec son maitre Virgile citant Aristote, une réflexion pesée sur l’impérieuse nécessité de mettre la morale au coeur de la société sur terre comme au ciel.
Sans éthique, le monde est vouée à la violence et à la destruction.
C’était en 1300. Le sujet était d’actualité, déjà.
CQFD.

 

 

 

Illustration pour l’Enfer Chant 6

 

 

« Cerbero, fiera crudele e diversa,
con tre gole caninamente latra
sovra la gente che quivi sommersa.

Li occhi ha vermigli, la barba unta e atra,
e ‘l ventre largo, e unghiate le mani;
griffa li spirito ed iscoia ed squarta. »

 

« Cerbère, fauve cruel et monstrueux,
de ses trois gueules aboie avec rudesse
sur la foule submergée en ce lieu.

Yeux rougeoyants, barbe noire de graisse,
le ventre large et des griffes aux mains,
il déchire les âmes, écorche et dépèce. »*

*Traduction de Danièle Robert (Editions Actes Sud).

 

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