Sur les plages d’Arles, près de l’embouchure du Rhône viennent s’échouer des bois blanchis par un long séjour dans l’eau et sous le soleil.
Le fleuve charrie et déverse ici ses alluvions.
La Méditerranée au rythme de ses marées, rejette sur la plage tout ce qui flotte et veut bien se laisser porter par les courants.
Le vent, les mouettes et le ressac incessant de la mer lèvent pour le marcheur solitaire un envol de rêveries.
Un hiver, il y a quelques temps déjà, j’ai ramassé sur le sable ces bois flottés.
Je les ai remonté en Bourgogne où je réside, non pas pour faire du feu car tout autour de Druyes les Belles Fontaines, il y a beaucoup de forêts et le bois de chauffage ne manque pas, mais pour avoir un présent de la mer, un don du hasard, ou peut-être pour accomplir un geste, une métaphore…
Ces bois flottés ont été entreposés avec soin dans un coin de mon atelier.
De nombreux mois sont passés puis un jour dernier j’ai ouvert les sacs, étalé sur les tables de mon atelier de carénage cette petite flottille dormante, et avec mes outils les ai remis à flot en partance pour une nouvelle destination sur d’autres courants dans le grand bleu numérique.

Hervey (sept 2000)

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